Henry Kissinger, le plus grand diplomate de notre temps, est décédé à 100 ans

Né en Allemagne en 1923, il avait fui les persécutions nazies à 10 ans avec toute sa famille pour s’installer aux États-Unis. Il est devenu l’un des grands acteurs du destin de ce pays durant la seconde moitié du XXe siècle.

Du Nobel de la Paix au Watergate

  • Naturalisé américain en 1943, il devient interprète pour les services secrets durant la guerre, et occupe brièvement le poste d’administrateur de la ville de Krefeld dans l’Allemagne occupée.
  • De retour aux USA en 1946, il étudie les sciences politiques à Harvard avant de se lancer en politique.
  • Il devient secrétaire d’État sous le gouvernement de Richard Nixon. De bout en bout, c’est lui qui négocie la sortie américaine de la guerre du Vietnam en 1973, tout en normalisant les relations entre son pays et la Chine. Il y gagne le prix Nobel de la Paix, en commun avec Le Duc Tho pour le Nord-Vietnam, mais ce dernier a refusé le prix.
  • Il se retrouve très vite ensuite impliqué dans le scandale du Watergate, et il est interpellé comme possible complice du système d’écoute. Il finit toutefois par s’en dépatouiller, ralliant à lui démocrates comme républicains pour le tenir à l’écart du pire de la tempête. Le 6 août 1974, le Sénat rend un rapport déclarant que le rôle de Kissinger dans l’affaire des écoutes n’était pas de nature à l’exclure de la direction des Affaires étrangères.

Critique envers Israël, tolérant envers les dictateurs sud-américains

Kissinger jouera un rôle très important, parfois sur le devant de la scène et parfois en coulisse, dans toutes les affaires de politiques internationales mêlant les USA – autant dire toutes.

  • Il joue un rôle dans les négociations de paix au Moyen-Orient, que ce soit entre Israël et les États arabes après la guerre du Kippour, ou sur la question palestinienne. Il semble vouloir mettre de côté sa propre confession juive pour ne pas paraître trop conciliant envers l’État hébreu – quitte à formuler des critiques tellement acerbes qu’il doit occasionnellement s’en expliquer.
  • Il représente aussi les grands démons de l’Amérique : alors qu’il juge les massacres commis par l’armée au Guatemala « inacceptables », il juge préférable de continuer à la soutenir dans le cadre de l’opération Condor. De même, il soutient Pinochet au Chili, malgré l’horreur de la répression qu’institue celui-ci. Kissinger reste le produit de l’Amérique prête à tout pour enrayer la progression communiste, réelle ou supposée.

Grand diplomate, mais aussi grand navigateur face à tous les remous internes et externes aux USA, Henry Kissinger est décédé ce 29 novembre dans sa maison de Kent, Connecticut, à l’âge de 100 ans.

Plus