Le groupe pétrolier américain ExxonMobil a annoncé cette semaine la découverte de deux nouveaux gisements de pétrole au large des côtes du Guyana, un pays d’Amérique du Sud.
Cela porte à une douzaine le nombre de gisements qu’Exxon a découverts au large de ce petit pays coincé entre le Venezuela, le Brésil et le Suriname. La société américaine a calculé que les champs pétroliers pourraient générer plus de cinq milliards de barils de pétrole et de gaz récupérables, un nombre astronomique, dans un secteur où un gisement d’un milliard de barils permet déjà de qualifier le pays où il se trouve de « supergéant ».
Un bouleversement total pour un pays pauvre
À l’heure actuelle, le pays, une ancienne colonie britannique très pauvre, n’a encore aucune expérience de l’exploitation des combustibles fossiles. Selon les observateurs, les découvertes de ces nouveaux gisements peuvent totalement bouleverser le destin de ce pays. Il pourrait devenir l’une des plus riches nations du monde, à l’instar d’Etats pétroliers tels que le Qatar, par exemple.
Néanmoins, d’autres analystes se montrent plus réservés. Ils soulignent que le petit pays n’est pas préparé à percevoir le bénéfice d’une telle manne. Le Guyana est un pays instable au plan politique. Au mois de décembre, le gouvernement du président David Granger a été forcé de démissionner à la suite d’une motion de censure. Le gouvernement a contesté cette décision devant les tribunaux. Pour le moment, aucun plan n’a été élaboré pour répartir les fruits de l’exploitation pétrolière sur sa population de 780 000 âmes. Le pays pâtit également d’une infrastructure médiocre aussi bien sur le plan de ses routes, de ses télécoms, que de ses administrations, et sa capitale, Georgetown, mérite d’être modernisée.
« Ce pays pauvre va devenir un Qatar en seulement 3 ans. Il n’y a aucune chance que cette explosion d’argent soit gérée correctement », affirme par exemple Amy Myers Jaffe, directrice de la sécurité énergétique au Council on Foreign Relations.
5 milliards de dollars de recettes par an… voire, le double
En outre, le marché semble largement avantager la compagnie pétrolière Exxon. Elle détient une participation de 45 % dans le secteur pétrolier du Guyana, et espère produire 120 000 barils par jour dans un premier temps. Ce volume devrait être porté à 750 000 barils par jour dès 2025.
Le Guyana, qui dépendait jusqu’ici principalement de l’agriculture et de la bauxite, percevrait environ la moitié des recettes liées à ces extractions, soit 5 milliards de dollars par an, si les cours du pétrole demeurent voisins de 60 dollars le baril. Si le pays parvient à faire grimper sa production quotidienne à un million de barils, il pourrait même espérer gagner 10 milliards de dollars par an.
Un contrat exagérément profitable pour Exxon
Toutefois, bien souvent, dans les autres pays pétroliers, la répartitions des gains du pétrole profite plus largement au pays en pays en question, avec une proportion qui peut aller jusqu’à 80 %. Le contrat avec ExxonMobil promet donc de distiller un mécontentement politique qui pourrait se solder par une renégociation de ce partage.
Reste donc à savoir si le Guyana saura s’adapter à cette nouvelle situation, et s’il promet de devenir un futur Qatar, ou si, au contraire, il menace de connaître la même malédiction que son grand voisin, le Venezuela. Ce dernier, détenteur des plus grandes réserves de pétrole prouvées du monde, s’est effondré dans une crise politique et économique.