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Pendant que tout le monde a les yeux rivés sur la France, la grève du siècle paralyse des millions de personnes en Allemagne

Pendant que tout le monde a les yeux rivés sur la France, la grève du siècle paralyse des millions de personnes en Allemagne
Le métro U-Bahn à la station Alexanderplatz, à Berlin, pris d’assaut par les utilisateurs en cette journée de grève. (Photo by Maja Hitij/Getty Images)

Alors que l’inflation sur un an atteint les 9,3% en Allemagne, les mouvements de grève pour des augmentations de salaires se multiplient et touchent de nombreux secteurs publics tels que les transports, les écoles, les hôpitaux et la Poste.

Pourquoi est-ce important ?

Les mouvements de grève en Allemagne n'ont pas à pâlir devant les manifestations plus largement médiatisées en France voisine, où les protestations au sujet de la réforme des retraites ne discontinuent pas depuis deux mois. Les esprits s'échauffent dans les deux principales économies européennes, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie faisant chuter le niveau de vie.

Dans l’actualité : Ce lundi, les aéroports, gares routières et ferroviaires du pays sont fermés, entraînant de graves perturbations pour des millions de travailleurs et navetteurs.

  • À partir de minuit, les employés des aéroports, du rail, du fret maritime, des sociétés d’autoroutes et des transports locaux ont été appelés à faire grève pendant 24 heures, un mouvement déclenché par le syndicat Verdi et le syndicat des chemins de fer et des transports EVG.
    • Le syndicat Verdi négocie au nom d’environ 2,5 millions d’employés du secteur public, rapporte Reuters.
    • EVG englobe de son côté environ 230 000 employés de l’opérateur ferroviaire Deutsche Bahn et des compagnies d’autobus.
  • C’est l’une des plus importantes grèves depuis des décennies dans la plus grande économie européenne, selon le chef du syndicat Verdi, Frank Werneke.

En cause : les syndicats réclament des salaires plus élevés, alors que l’inflation atteint des sommets chez nos voisins allemands.

  • Selon Eurostat, les prix à la consommation ont augmenté de 9,3% en février par rapport au même mois l’année précédente.
  • En janvier, l’inflation était repartie à la hausse, après deux mois de baisse consécutive.
    • En réalité, le bouclier énergétique, mis en place en décembre par le gouvernement pour prendre en charge les factures de gaz des ménages, avait entraîné une baisse artificielle de l’indice des prix à la consommation.
  • Dans ce contexte, les syndicats demandent plus de 10% de revalorisation salariale.
  • De leur côté, les employeurs proposent une augmentation de 5%, qui sera versée en deux fois sous forme de paiements uniques de 1000 et 1500 euros.
  • Selon le journal Bild am Sonntag, Frank Werneke a déclaré que l’action syndicale était une « question de survie pour des millions de travailleurs » dans un contexte d’inflation élevée.

À suivre : Le président du syndicat EVG, Martin Burkert, a averti que d’autres grèves pourraient suivre, notamment pendant les vacances de Pâques.

  • Il semblerait que l’on s’engage dans un dialogue de sourds, alors que la Deutsche Bahn a déclaré que la grève était « complètement excessive, sans fondement et inutile ».
  • Les employeurs affirment ainsi que des salaires plus élevés pour les travailleurs du transport entraîneraient une augmentation des tarifs et des taxes pour compenser cette hausse.
  • La Fédération des aéroports allemands (DAV) a en outre critiqué une stratégie « d’escalade des grèves à la manière de la France ».

La Belgique championne de la grève

Le contexte : Le mouvement social prend de l’ampleur en Allemagne, qui s’écarte de la culture du consensus qui a fait sa renommée.

  • « Il y a eu plus de grèves en Allemagne ces dix dernières années que dans les décennies précédentes », a déclaré Karl Brenke, expert de l’Institut économique DIW, lors d’une interview avec l’AFP.
  • Il explique que le pays souffre d’un manque de main-d’œuvre qui met « en position de force » les syndicats dans les négociations.

Zoom arrière : De quoi être le champion européen de la grève ? Détrompez-vous.

  • C’est en réalité à la… Belgique que revient cette première place, selon une étude de l’institut de recherche allemand WSI relayée par Belga.
  • Notre pays recense ainsi 97 jours de grève pour mille salariés par an, sur la période 2011-2020.
  • La France arrive en seconde position (uniquement dans le secteur privé) avec 93 jours de grève.
    • Toutefois, les données de l’Institut syndical européen ETUI indiquent que la France a connu le plus grand nombre de jours de grève sur la période de 2010 à 2019, avec environ 128 jours pour mille salariés par an.
  • De son côté, l’Allemagne n’a enregistré que 18 jours de grève par an en moyenne.
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