Les gouvernements profitent de la hausse des taux d’intérêt pour imposer davantage les banques : les clients en paieront-ils le prix ?

Les gouvernements profitent de la hausse des taux d’intérêt pour imposer davantage les banques : les clients en paieront-ils le prix ?
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En raison de la politique monétaire restrictive des banques centrales, les institutions financières ont pu augmenter leurs profits. Les gouvernements l’ont également remarqué. Ils mettent maintenant en place des mesures pour taxer davantage les banques. La semaine dernière, la Chambre des députés des Pays-Bas a ainsi approuvé une augmentation de la taxe sur les banques.

Pourquoi est-ce important ?

Au cours des derniers mois, les institutions financières n'ont pas gagné en popularité auprès des citoyens de différents pays en maintenant les taux des comptes d'épargne bas, bien que la BCE ait augmenté les taux d'intérêt de 450 points de base en un peu plus d'un an. Il n'est donc pas surprenant que certains gouvernements, dans leur quête de revenus supplémentaires, ciblent le secteur bancaire. De telles taxes ne rencontreront pas beaucoup d'opposition de la part de la population, bien au contraire.

Dans l’actu : La Chambre des députés des Pays-Bas a approuvé, en fin de semaine dernière, une série de mesures visant à augmenter le pouvoir d’achat des citoyens. Au total, le gouvernement néerlandais débloque 4 milliards d’euros. Bien sûr, tout cela doit être financé. C’est là que les décideurs néerlandais se tournent vers les banques.

  • Pour commencer, les Pays-Bas souhaitent augmenter la taxe sur les banques. Cette augmentation devrait rapporter environ 350 millions d’euros au trésor public.
  • Mais la mesure la plus remarquable est l’introduction (prévue) d’une taxe sur le rachat d’actions. Le taux est fixé à 15%. On s’attend à ce que cette taxe rapporte environ 1,2 milliard d’euros.
    • Les entreprises cotées en bourse peuvent récompenser leurs actionnaires de différentes manières. Pensez, par exemple, au versement d’un dividende. Mais elles peuvent également racheter leurs propres actions. De cette manière, il y a moins d’actions en circulation, et le bénéfice est réparti entre moins d’actionnaires. Cela entraîne donc une augmentation de la distribution des bénéfices. En général, une telle opération entraîne (à court terme) une hausse du cours de l’action.
    • Cette mesure est particulièrement populaire auprès des banques. Ainsi, ING a annoncé plus tôt cette année un programme de rachat d’un montant de 1,5 milliard d’euros. Une telle taxe sur le rachat d’actions touche donc profondément les institutions financières dans leur portefeuille.
  • Les revenus provenant du capital et les participations dans les entreprises seront également davantage taxés, ce qui devrait rapporter 450 millions d’euros supplémentaires.
  • Les propositions doivent encore être approuvées par la Première Chambre. Mark Rutte, le Premier ministre sortant des Pays-Bas, n’est pas du tout favorable à ces taxes supplémentaires : il a déclaré jeudi que cela pousserait les banques à déménager vers d’autres pays. Ces propositions n’ont donc pas été initiées par son gouvernement, mais par une coalition de partis à la Deuxième Chambre des Pays-Bas.

Les Pays-Bas ne sont pas les seuls à profiter de la hausse des taux d’intérêt pour imposer davantage les banques

Zoom arrière : Les Pays-Bas se sont probablement inspirés des États-Unis pour la taxe sur le rachat d’actions.

  • L’administration Biden a déjà approuvé une telle taxe l’année dernière. Elle est en vigueur depuis le début de cette année.
  • Le taux est cependant plus bas que chez nos voisins du nord. Les entreprises américaines doivent seulement payer 1 pour cent sur la valeur des rachats.

D’autres gouvernements, quant à eux, privilégient une taxe sur les bénéfices exceptionnels des banques.

  • L’Espagne a par exemple instauré une telle taxe pour cette année et la suivante. Les banques espagnoles doivent payer une taxe de 4,8 % sur la somme de la marge nette d’intérêt et des revenus nets des commissions.
  • L’Italie a également déjà lancé une taxe sur les bénéfices exceptionnels. L’objectif initial était de taxer jusqu’à 40 % des profits que les banques tirent des intérêts. Cependant, après une vive réaction sur les marchés boursiers, cette taxe a été ajustée. Le gouvernement a répondu qu’il instaurerait une limite pour réduire son impact sur de nombreux prêteurs.
  • Dans notre pays, le parti Vooruit plaide en faveur d’une telle taxe. Selon Melissa Depraetere, chef du groupe parlementaire socialiste, une taxe sur les bénéfices exceptionnels pourrait rapporter 500 millions d’euros au gouvernement fédéral.

Non sans conséquences pour les clients

Impact : Certains experts craignent que les banques répercutent ces taxes supplémentaires sur leurs clients.

  • « Les banques vont essayer de protéger leurs marges autant que possible. On peut donc s’attendre à des frais bancaires plus élevés », a déclaré Stefan Willems, expert boursier chez Spaarvarkens.be.

(SR)

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