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Au G20, les États-Unis et l’Inde s’unissent pour concurrencer la nouvelle route de la soie chinoise

Au G20, les États-Unis et l’Inde s’unissent pour concurrencer la nouvelle route de la soie chinoise
Narendra Modi et Joe Biden à l’ouverture du G20 de New Delhi. (Photo by Dan Kitwood/Getty Images)

Le sommet du G20 de New Delhi qui s’est tenu ce week-end avait deux grands absents : Vladimir Poutine et, c’est plus étonnant, Xi Jinping. Le signe d’un monde nouveau dans lequel Russie et Chine seraient isolées face à de nouvelles puissances, et dont les premières prémices ont été tracées en Inde ?

Pourquoi est-ce important ?

Ni Poutine ni Xi Jinping n'ont fait le déplacement au sommet du G20 de New Delhi ce week-end. Pour le premier ce n'est pas une surprise : il n'a plus beaucoup quitté la Russie depuis que son armée a envahi l'Ukraine l'année dernière, et il craint les filets de la Cour pénale internationale, jusqu'à préférer assister aux réunions des BRICS en vidéo. Xi n'est pas non plus un grand voyageur, mais cela reste surprenant. Il faut dire que la Chine est en froid avec son grand voisin indien, entre autres sur le tracé des frontières.

Amitié américano-indienne

En attendant, Joe Biden et Narendra Modi ont eu le champ libre pour se rapprocher. Le président américain et le Premier ministre indien ont annoncé un plan visant à développer un réseau de chemins de fer et de voies maritimes qui relieront l’Inde, l’Union européenne et des pays du Moyen-Orient tels qu’Israël, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis dans « un investissement régional transformateur. »

  • Le but est clair : bâtir un système qui ne dépend pas des deux autres grandes puissances eurasiennes pour assurer l’approvisionnement mondial. Un concurrent direct à l’initiative Belt and Road de Pékin, qui a fêté ses 10 ans cette année – et qui marque le pas, avec beaucoup de dettes dans la balance.
  • Ce système d’interconnexion contournerait aussi habilement la Russie et permettrait d’assurer un approvisionnement plus aisé pour les pays du Sud, dépendants en énergie, mais aussi en denrées alimentaires, des ressources dont Moscou n’hésite pas à réguler les flux comme d’un moyen de pression. On l’a vu avec la crise des produits agricoles provoquée par le blocus russe en mer Noire.
  • Biden et Modi se sont engagés à approfondir le partenariat entre leurs pays de manière générale, après une rencontre officielle chez le Premier ministre. C’était là leur deuxième rencontre bilatérale en moins de six mois.
  • Ils ont ensuite « réaffirmé l’importance du Quad (Quadrilateral Security Dialogue, une coopération informelle diplomatique et militaire entre les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde face à la Chine) pour soutenir un Indo-Pacifique libre, ouvert, inclusif et résilient. »

« Créer des corridors et des opportunités »

Du côté du Fonds monétaire international (FMI), on souligne que l’initiative de Biden et Modi ne pouvait pas être un accord exclusif réservé à certains pays, s’il voulait avoir une réelle plus-value économique.

« Si nous voulons que le commerce soit un moteur de croissance, alors nous devons créer des corridors et des opportunités. Ce qui est important, c’est de le faire pour le bénéfice de tous, et non pour l’exclusion des autres. En ce sens, j’encouragerais tous les pays à travailler en collaboration les uns avec les autres dans l’esprit d’une économie intégrée. »

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, au micro de CNBC

Un G20 sous l’ombre de la guerre

Si les différentes délégations diplomatiques souriaient pour les caméras, le sommet était forcément marqué par le sceau implicite de la guerre qui fait rage en Ukraine. Et il a fallu épargner les sensibilités pour parvenir à un consensus sur un communiqué conjoint qui lie généralement les États membres du G20.

  • Les nations du G20 se sont engagées à « protéger les plus vulnérables du monde en promouvant une croissance équitable et en renforçant la stabilité macroéconomique et financière. » Sans faire référence au conflit, ce qui aurait été inadmissible pour les Russes et les Chinois.
  • L’Inde bien sûr, ne veut pas froisser ces deux puissances outre mesure et continue à se présenter comme neutre, tout en bénéficiant des exportations énergétiques russes. On notera que le communiqué de l’année dernière était plus virulent envers Poutine, pointé comme seul agresseur.
  • Du côté ukrainien, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Oleg Nikolenko a estimé qu’il n’y avait là « pas une source de fierté. »
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