Fusion nucléaire: le réacteur expérimental ITER attend l’aimant le plus puissant au monde

L’aimant le plus puissant du monde est en route vers la France où il va être installé au cœur du réacteur nucléaire à fusion expérimental du projet ITER, rapporte le site New Scientist. Cet effort international vise à prouver la faisabilité de la création d’énergie à l’échelle industrielle en reproduisant le processus à l’œuvre au centre du soleil.

Pourquoi est-ce important ?

Lancé il y a près de 15 ans, le projet international ITER, installé dans le sud de la France, à une quarantaine de kilomètres d’Aix-en-Provence, vise à recréer l’énergie quasi illimitée produite par le soleil et les étoiles. Si elle est maîtrisée, la fusion de l’hydrogène permettra de s’affranchir des énergies fossiles. Obtenue à partir de combustibles comme l’eau et le lithium, elle a l’avantage de ne pas générer de déchets radioactifs. Toujours en cours d’assemblage, le réacteur expérimental du projet ITER devrait entrer progressivement en service à partir de fin 2025-début 2026 et atteindre sa pleine puissance en 2035.

L’assemblage du gigantesque réacteur nucléaire à fusion du projet ITER, qui a officiellement débuté l’été dernier, se poursuit. En début de semaine, on a appris que l’aimant géant du tokamak – le dispositif de confinement magnétique indispensable pour atteindre la fusion nucléaire – du réacteur expérimental avait entamé son voyage depuis la Californie vers la France. La procédure d’assemblage devrait être totalement achevée vers la fin 2024.

L’aimant en question n’a rien de banal, puisqu’il s’agit ni plus ni moins du plus puissant au monde. Voici quelques-unes de ses caractéristiques:

  • Il s’agit d’un ‘solénoïde central’, composé au total de six éléments. Pour rappel, un solénoïde est un dispositif composé d’un fil électrique en métal enroulé en hélice de façon à former une bobine. Lorsqu’un courant électrique le parcourt, le solénoïde produit un champ magnétique.
  • Chaque bobine est composée de 43 kilomètres de supraconducteurs en niobium-étain, et enrobée de 3.800 litres d’époxy.
  • L’aimant mesurera 18 mètres de haut pour 4,2 mètres de large. Son poids avoisinera les 1.000 tonnes.
  • Son induction électromagnétique pourra atteindre 13 tesla, ce qui équivaut à 280.000 fois le champ magnétique terrestre et est théoriquement suffisant pour soulever un porte-avions.

150 millions de degrés

L’aimant géant doit permettre au tokamak de contenir la réaction de fusion et le plasma créé, une opération qui se déroule à des températures supérieures à 150 millions de degrés Celsius.

D’un point de vue logistique, le transport de l’aimant relève également de la prouesse. Chaque élément, dont le premier est actuellement en route, doit être transporté par convoi exceptionnel – sur un camion spécial doté de 24 essieux – de la Californie vers le Texas. De là, il doit rejoindre Marseille par bateau, avant d’être encore une fois convoyé par la route jusqu’au centre CEA de Cadarache, dans la commune de Saint-Paul-lès-Durance. Un second convoyage est prévu pour le mois d’août.

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