La formation du gouvernement bruxellois s’avère plus complexe que prévu. Alors que les néerlandophones semblaient avoir trouvé une issue avec une majorité incluant la N-VA, le PS rejette catégoriquement cette option.
Principaux renseignements
- La N-VA se préparait à entrer dans le gouvernement bruxellois, mais le PS et Les Engagés s’y opposent.
- Avec sa position dans le gouvernement flamand et dans le futur gouvernement fédéral, la N-VA dispose d’une influence jugée excessive par le PS.
- L’espoir d’une issue rapide subsiste malgré tout.
Contexte : une percée semblait proche à Bruxelles.
- Le groupe linguistique néerlandophone cherche toujours à constituer une majorité. Une piste à quatre partis avait été écartée pendant un temps, car seuls trois postes ministériels sont à pourvoir. L’Open Vld a accepté de faire des concessions en acceptant un poste de commissaire au gouvernement, une fonction en dehors de l’exécutif officiel.
- Groen, Vooruit et Open Vld formeront la majorité néerlandophone. Le quatrième partenaire pourrait être soit la N-VA, soit le cd&v. La N-VA se dit prête à gouverner, tandis que le cd&v, critique du bilan précédent de Groen, Vooruit et Open Vld, semble moins enthousiaste. Une coalition avec la N-VA apparaît comme l’option la plus logique et rapide.
« Hostilité »
Dans l’actualité : le PS et Les Engagés préfèrent le cd&v à la N-VA.
- Ahmed Laaouej, figure du PS bruxellois, s’en prend sévèrement à la N-VA dans les colonnes de L’Echo. Selon lui, permettre à la N-VA de participer au gouvernement reviendrait à « prolonger des projets hostiles envers Bruxelles jusque dans l’exécutif bruxellois ». Il conclut que « le scénario avec la N-VA est très difficilement envisageable ».
- Comme exemple, Laaouej cite les zones de police : « La N-VA veut supprimer les six zones de police bruxelloises. Nous voulons les maintenir. » Il ajoute que le futur gouvernement fédéral (avec la N-VA et sans le PS) prévoit de réduire les investissements du fonds Beliris, dédié aux infrastructures bruxelloises.
- Christophe De Beukelaer, des Engagés, prône une symétrie dans la formation du gouvernement bruxellois. Les partis francophones MR, PS et Les Engagés ayant déjà formé une majorité, il serait selon lui logique de collaborer avec le cd&v, un parti centriste, plutôt qu’avec la N-VA, plus à droite : « Nous allons donc insister pour privilégier la piste avec le cd&v », a-t-il déclaré lundi matin sur Bel RTL.
- Elke Van den Brandt (Groen), formatrice du côté néerlandophone, observe cette situation avec inquiétude : « Soit le cd&v doit être prêt à rejoindre la coalition, ce qui n’a pas encore fonctionné, soit l’Open Vld doit accepter cette concession sans la N-VA, ce qu’ils ne veulent pas non plus », a-t-elle expliqué sur Radio 1.
- Eva De Bleeker, présidente de l’Open Vld, a en effet indiqué que son parti refuse de participer en tant que commissaire au gouvernement si la N-VA n’est pas incluse dans l’exécutif. Sous la direction de De Bleeker, l’Open Vld cherche à s’aligner davantage à droite sur les questions économiques, une position renforcée par une collaboration avec la N-VA.
Une difficulté symbolique
À suivre : comment débloquer l’impasse ?
- Van den Brandt précise que ce n’est pas son rôle de gérer la médiation. « C’est au formateur francophone, David Leisterh (MR), de discuter avec les différentes parties. Finalement, un gouvernement doit être soutenu par les deux groupes linguistiques », déclare-t-elle.
- Leisterh reste optimiste : « Il y a cinq ans, j’étais également formateur et, en deux semaines, nous avons pu annoncer les partis impliqués. Cette fois, de nouveaux éléments surgissent constamment. Mais j’espère que nous sommes à la veille d’une percée et que nous pourrons entamer les négociations. »
- Cependant, une difficulté symbolique complique encore les discussions : Cieltje Van Achter (N-VA) pourrait devenir ministre dans le gouvernement bruxellois tout en étant ministre dans le gouvernement flamand. Un double mandat qui n’a pas été vu depuis Guy Vanhengel (Open Vld) en 2003. Pour le PS, une telle concentration de pouvoir entre les mains de la N-VA est inacceptable.
- Van den Brandt reconnaît qu’il reste beaucoup à discuter : « Chaque parti doit maintenant mener des débats internes. » Elle admet également des divisions au sein de Groen sur la participation de la N-VA.
- Groen accepte une coalition avec la N-VA, mais impose des conditions, explique Nadia Naji, coprésidente du parti. « Nous voulons mettre en œuvre certains points de programme, notamment en matière de qualité de vie, de sécurité routière et d’espace public. Pour éviter un blocage à Bruxelles, nous sommes prêts à explorer une collaboration, mais ces conditions ne sont pas négociables », affirme Naji.