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Fin de partie annoncée pour les énergies fossiles : un changement d’ère sans changement de cap pour le climat

Fin de partie annoncée pour les énergies fossiles : un changement d’ère sans changement de cap pour le climat
(Photo by DELIL SOULEIMAN/AFP via Getty Images)

Il y a du mieux en ce qui concerne l’évolution de la consommation d’énergies fossiles et leur impact dévastateur pour la planète, mais ce n’est pas la panacée. Si la fin de ces sources polluantes pourrait bien arriver plus tôt que prévu, il faudra redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris.

La punchline : Le monde est « au début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles.

  • Cette affirmation provient du directeur de l’Agence internationale de l’énergie (IEA), Fatih Birol, en préambule au rapport mensuel qui sera publié mercredi.
  • Selon lui, la demande de pétrole, de gaz naturel et de charbon, soit les trois principales sources d’énergie fossile, atteindra son paroxysme avant la fin de la décennie. Leur consommation dans le monde commencera alors à chuter, à la faveur des énergies durables.
  • Pour Fatih Birol, il s’agit d’un « tournant historique ». « Cela montre que les politiques climatiques fonctionnent, nous devons nous préparer pour la prochaine ère », a-t-il affirmé dans une tribune au Financial Times au sujet de ces projections, qui seront publiées le mois prochain dans la perspective énergétique mondiale de l’Agence.
  • Dans son grand rapport annuel dévoilé en mai, l’IEA prévoyait que 2.800 milliards de dollars seraient investis dans le monde cette année dans le secteur de l’énergie.
    • Plus de 1.700 milliards de dollars devraient être consacrés aux technologies propres, notamment les énergies renouvelables, les véhicules électriques, l’énergie nucléaire.
    • Les 1.100 milliards de dollars restant vont aux énergies fossiles citées ci-dessus.

À noter : L’AIE tablait l’an dernier sur un pic de la demande d’énergie fossile vers 2030. Elle a donc un peu avancé ses estimations, bien qu’elles restent vagues pour le moment.

  • En cause : les technologies du renouvelable se sont développées plus vite pendant les 12 derniers mois, les véhicules électriques en tête.
  • Mais aussi le virage entrepris par la Chine, le plus grand pollueur au monde (12,7 milliards de tonnes d’émissions de CO2 annuellement), qui se tourne progressivement vers des sources d’énergie plus durables.
    • « Au cours des 10 dernières années, la Chine a représenté environ un tiers de la croissance de la demande mondiale de gaz naturel et les deux tiers de la croissance de la demande de pétrole », a déclaré Birol. « Les énergies solaire, éolienne et nucléaire absorberont la croissance potentielle du charbon en Chine. »
    • La Chine a annoncé dans l’Accord de Paris qu’elle atteindrait son maximum d’émissions avant 2030. Elle s’est aussi engagée à augmenter la part de son énergie non fossile, comme le vent, le soleil et le nucléaire, à 25 %. En 2021, le président Xi Jinping a dit que le pays arriverait à la neutralité carbone avant 2060.

Des mesures climatiques insuffisantes

Entre les lignes : Un tournant historique, certes, mais il en faudra bien plus pour sauver notre planète.

  • Si Birol a félicité un “changement d’ère”, il demande surtout aux responsables politiques de faire plus pour accélérer la transition énergétique et réduire les émissions.
  • Mais ces mesures pour la décarbonation de l’économie se frottent à une certaine réticence, principalement dans les grandes villes occidentales, à cause des coûts de cette transition.
    • La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a dit ce mois-ci que les politiques climatiques de Bruxelles pouvaient faire fuir les électeurs vers les partis populistes.
    • Au Royaume-Uni, le gouvernement a approuvé de nouveaux forages de pétrole et de gaz et critiqué l’agrandissement de la zone à faibles émissions de Londres.
    • Rystad Energy a publié fin août un rapport qui constate que le « taux de réinvestissement parmi un groupe de 18 entreprises publiques du secteur des schistes a atteint 72 % au deuxième trimestre 2023, le plus élevé depuis le deuxième trimestre 20202 ».
    • Selon le géant du pétrole et du gaz ExxonMobil, les combustibles fossiles fourniront toujours 69 % de l’énergie primaire mondiale en 2050. Il prévoit que le monde demandera toujours l’utilisation de 25 milliards de tonnes de pétrole en 2050, soit plus du double des 11 milliards prévus par l’IEA.
    • Sans compter que l’OPEP, le groupe des pays producteurs de pétrole, a reproché à l’IEA en avril de provoquer la “volatilité” sur les marchés en demandant d’arrêter d’investir dans de nouveaux développements pétroliers.

En d’autres termes : C’est bien connu, mais rappelons qu’à l’heure actuelle, les mesures sont insuffisantes pour remplir les promesses de l’Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement climatique mondial bien en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, tout en poursuivant les efforts pour le limiter à 1,5 degré Celsius.

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