Ce n’est pas une accusation neuve que celle de taxer la Chine d’espionnage industriel massif afin de s’approprier les technologies stratégiques d’autres nations. Mais quand elle est proférée conjointement par les directeurs de deux services de renseignement intérieur du monde occidental, elle pèse un certain poids.
Il y a quelques jours déjà, l’administrateur de la NASA et ancien astronaute Bill Nelson déclarait que le programme spatial de la Chine était un programme militaire et que la Chine avait volé des idées et des technologies à d’autres. De graves allégations qui n’avaient déjà pas plu à Pékin, mais qui ne font que prendre du poids quand elles sont proférées à nouveau par deux professionnels de l’espionnage.
« Voler votre technologie pour dominer votre marché »
Christopher Wray, directeur du FBI, et Ken McCallum, le chef du MI5, l’agence britannique de renseignement intérieur, ont prononcé un discours conjoint sans précédent dans lequel ils ont mis en garde les dirigeants d’entreprises face au risque de vol de technologies de la part de la Chine, qui chercherait ainsi à s’octroyer des avantages concurrentiels.
« Nous constatons constamment que c’est le gouvernement chinois qui représente la plus grande menace à long terme pour notre sécurité économique et nationale, et par ‘notre’, j’entends nos deux nations, ainsi que nos alliés en Europe et ailleurs », a avancé l’Américain lors d’une conférence de presse qui a eu lieu dans le quartier général du MI5, rapporte The Gardian. Le directeur du FBI a déclaré à l’auditoire que le gouvernement chinois était « déterminé à voler votre technologie, tout ce qui fait fonctionner votre industrie, et à l’utiliser pour réduire votre chiffre d’affaires et dominer votre marché. »
50 étudiants chinois expulsés pour espionnage
Quant à Ken McCallum, il a déclaré que le MI5 menait sept fois plus d’enquêtes sur la Chine qu’il y a quatre ans et qu’il prévoyait d’en mener encore autant afin de s’attaquer aux tentatives d’inférence généralisées qui envahissent « tant d’aspects de notre vie nationale. » Une déclaration qui peut s’appuyer sur le fait que, sur les trois dernières années, le Royaume-Uni a expulsé de son territoire pas moins de 50 étudiants chinois, tous mêlés à des affaires de vols de propriété intellectuelle vraisemblablement commandités par Pékin. « Cela peut sembler abstrait. Mais c’est réel et c’est urgent », a surenchéri le maître-espion britannique. « Nous devons en parler. Nous devons agir. »
Sans surprise, Pékin a déjà réagi, cette fois par l’entremise de l’ambassade chinoise de Washington, dont le porte-parole, Liu Pengyu, a déclaré dans un communiqué à l’Associated Press que la Chine « s’oppose fermement à toutes les formes de cyberattaques et les combat », tout en qualifiant ces accusations de sans fondement. « Nous n’encouragerons, ne soutiendrons, ni ne tolérerons jamais les cyberattaques », précise la déclaration.