« Facebook a gagné. Les médias français sont bel et bien devenus dépendants ». Cette analyse, c’est celle que Nicolas Bequet, journaliste et manager des supports numériques de l’Echo, émet dans un article qu’il a récemment publié sur le site de l’EJO (European Journalisme Observatory). Dans ce dernier, il affirme que Facebook rétribue de grands médias internationaux contre la fourniture de contenus, notamment des vidéos. Il soulève donc la question de l’indépendance de ces médias par rapport au numéro un des réseaux sociaux.
« Facebook a gagné. Les médias français sont bel et bien devenus dépendants ». Cette analyse, c’est celle que Nicolas Bequet, journaliste et manager des supports numériques de l’Echo, émet dans un article qu’il a récemment publié sur le site de l’EJO (European Journalisme Observatory). Dans ce dernier, il affirme que Facebook rétribue de grands médias internationaux contre la fourniture de contenus, notamment des vidéos. Il soulève donc la question de l’indépendance de ces médias par rapport au numéro un des réseaux sociaux.
L’audience de 2 milliards d’utilisateurs de Facebook est irrésistible pour les médias français qui y voient une manne importante pour augmenter la portée de leurs publications, et par conséquent, leurs revenus. La production de contenus destinés au média social n’a jamais été aussi importante.En effet, depuis juin 2016, ce dernier a commencé à rétribuer les grands médias américains pour qu’ils lui fournissent des contenus originaux (live, vidéo, reportage à 360°…) afin d’alimenter ces newsfeed. Facebook aurait ainsi consacré près de 50 millions de dollars à la signature de 140 contrats de partenariat avec des médias et des célébrités. Buzzfeed et le New York Times, les 2 plus gros bénéficiaires, auraient ainsi empoché près de 3 milliards de dollars chacun.
De grands médias rétribués des millions par Facebook
Le succès de cette nouvelle initiative a convaincu les médias du monde entier de faire de même. Selon diverses sources, les grands médias français percevraient ainsi entre 100 000 et 200 1000 € par mois par contrats de 6 mois. Dans certains cas, Facebook aurait également financé la création de studios pour la réalisation de « Facebook live », par exemple (c’est le cas de LCI).Pour certains médias, dont l’audience est en chute libre, il s’agit d’une véritable aubaine. Si elles sont réticentes à évoquer ce partenariat, beaucoup de rédactions se félicitent des résultats qu’il leur a permis d’obtenir… même si cela signifie souvent qu’elles doivent céder les recettes publicitaires associées à Facebook.De son côté, la firme de Mark Zuckerberg minimise l’importance de ces contrats : « Voir les collaborations de Facebook uniquement à travers des partenariats rémunérés est réducteur. Notre rôle au quotidien est de travailler conjointement avec les médias au développement d’outils destinés à enrichir leur expérience sur Facebook », explique Edouard Braud, le directeur des partenariats médias pour l’Europe du sud. Et d’ajouter : « cela s’inscrit toujours dans un cadre temporaire le temps de l’expérimentation ».
Un écosystème des médias à deux vitesses
Ce système a contribué à la création d’un écosystème à 2 vitesses. La production de vidéos est coûteuse, elle réclame des investissements. En outre, on assiste à une professionnalisation de ce type de contenus. Enfin, les vidéos sont exclusivement regardées dans la newsfeed, elles n’entraînent pas forcément d’augmentation du trafic sur le site de l’annonceur. Cela signifie que ce type de collaboration n’est réservée qu’aux grands acteurs des médias.En conséquence, les petits médias qui ne peuvent satisfaire les exigences de Facebook, sont condamnés à voir leurs publications disparaître dans les limbes de l’Internet… et peut-être, à terme, à se voir disparaître eux-mêmes. Sans prise de conscience des internautes, c’est la pluralité de l’internet qui est directement menacée.Et Nicolas Becquet de conclure :
« Le paysage médiatique français s’alarme régulièrement du manque d’indépendance des médias face aux actionnaires-industriels-milliardaires. Pourtant, ces mêmes médias permettent l’instauration progressive d’une menace tout aussi toxique pour l’avenir des médias et de la démocratie, celle du soft power, de l’argent et de l’écosystème des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) »