Selon plusieurs sources au courant des activités de Faceboo, le géant des réseaux sociaux a payé des centaines de travailleurs indépendants externes à l’entreprise pour transcrire des messages audios d’utilisateurs, rapporte l’agence de presse Bloomberg. .
Les sous-traitants ne savaient pas d’où provenaient les extraits sonores ni comment ils avaient été obtenus. Ils étaient uniquement employés pour les retranscrire, a expliqué une personne qui souhaité garder l’anonymat. Ces employés externes devaient écouter les conversations audio des utilisateurs du réseau social, parfois avec du contenu vulgaire, mais n’étaient pas informés de la raison pour laquelle Facebook avaient besoin de les retranscrire.
Violation de la protection de la vie privée
La Commission de protection des données irlandaise (DCP) qui supervise Facebook en Europe, a expliqué qu’elle examinait l’incident afin de détecter si ces pratiques constituaient une violation des règles européennes en matière de protection de la vie privée.
Facebook a pour sa part confirmé confirmé avoir transcrit les enregistrements audio d’utilisateurs. L’entreprise a indiqué en outre qu’elle n’aurait plus recours à cette pratique. « Tout comme Apple et Google, nous avons arrêté l’analyse humaine des messages audio il y a plus d’une semaine », a expliqué la société de Mark Zuckerberg. Selon l’entreprise, les utilisateurs concernés ont accepté une option de l’application Messenger pour la transcription de leurs conversations vocales. Les travailleurs sous-traitants vérifiaient ensuite si l’intelligence artificielle de Facebook interprétait correctement ces messages anonymes.
Amazon et Apple
Par le passé, d’autres grandes entreprises technologiques tels qu’Amazon et Apple, ont déjà été critiquées pour avoir collecté des extraits sonores de dispositifs informatiques grand public et les avoir soumis à un examen humain. Selon les critiques, il s’agit d’une pratique qui va à l’encontre du respect de la vie privée.
En avril, Bloomberg avait rapporté qu’un contingent de milliers de travailleurs du monde entier écoutaient les demandes audio faites à Alexa afin d’améliorer le logiciel. Ce type d’analyse humaine a également eu lieu avec les assistants virtuels d’Apple et de Google. Cette pratique aurait depuis lors été abandonnée.
Aux Etats-Unis, Facebook vient de payer une amende de 5 milliards de dollars à la Federal Trade Commission (FTC) dans le cadre d’une enquête sur les pratiques du géant des réseaux sociaux en matière de confidentialité et de protection de la vie privée des consommateurs. Facebook a longtemps nié avoir collecté des données audio d’utilisateurs pour les informer et déterminer ce qu’ils voient dans leurs flux de nouvelles.
Mark Zuckerberg a quant à lui réfuté cette hypothèse devant le Congrès américain. Selon lui, il s’agit d’une théorie du complot.
« Nous n’accédons au microphone de l’utilisateur que si celui-ci a donné la permission à notre application et s’il utilise activement une fonctionnalité audio spécifique (comme les fonctionnalités de messagerie vocale): »
Toutefois, Facebook n’a pas expliqué ce qu’il advenait par la suite des conversations audios.
TaskUs
TaskUs est une des entreprises de sous-traitance, basée à Santa Monica, en Californie, qui passe en revue les conversations d’utilisateurs grâce à ces antennes dans le monde entier. Facebook est l’un des clients les plus importants de TaskUs. Cependant, les employés de la société ne sont pas autorisés à mentionner publiquement à qui leur travail est destiné. Ils nomment le client par le nom de code « Prism ».
Facebook a eu recours TaskUs pour examiner le contenu susceptible de constituer une violation des règles. Des équipes de TaskU travaillent également à la préparation des élections et au filtrage des publicités politiques, bien que certains de ces employés aient récemment été mutés dans la nouvelle équipe de transcription.
« Facebook a demandé à TaskUs d’interrompre ce travail il y a plus d’une semaine, et c’est ce nous avons fait », a déclaré TaskUs.
La politique d’utilisation des données de Facebook, revue l’année dernière pour la rendre plus compréhensible pour le public, ne mentionne pas les activités concernant les données audio. “Ces systèmes traitent automatiquement le contenu et les communications que vous et d’autres fournissez pour l’analyse du contexte et du contenu », indique la charte. Toutefois, ces conditions d’utilisation ne mentionnent en aucun cas le filtrage du contenu par des êtres humains. Par ailleurs, dans la liste des tierces parties avec qui les informations sont partagées, Facebook fait vaguement référence à l’équipe de sous-traitants chargés de la transcription des messages audio.