Eltra, l’un des plus grands grossistes en matériel électrique du Benelux, utilise depuis plusieurs mois un essaim de robots pour traiter ses marchandises. Business AM a pu visiter le dernier entrepôt de l’entreprise pour voir le système en action.
Le nouveau centre de distribution d’Eltra à Evergem est équipé du système Skypod de la société française Exotec. Il s’agit d’un essaim de robots qui, de manière autonome, chargent et déchargent les marchandises dans l’entrepôt. Cela devrait améliorer considérablement l’efficacité de la préparation des commandes.
Les 23 robots d’Eltra font des allers-retours entre les rayons, où se trouvent 20.000 bacs de marchandises, et quatre postes de préparation de commandes où les marchandises doivent encore être prélevées par des travailleurs humains. Ce qui est unique dans ce système, c’est que toutes les étapes de ce processus sont réalisées par un seul appareil qui peut se déplacer dans les rayons en trois dimensions.
En effet, les robots eux-mêmes peuvent grimper jusqu’à environ 12 mètres de haut pour récupérer des bacs de marchandises. Pour ce faire, ils grimpent sur des chaînes montées sur les côtés des râteliers. Il existe même un mécanisme intégré qui permet, en cas de chute du robot, de l’incliner pour arrêter sa chute, tout comme un ascenseur.
Mais comment ?
« Les robots fonctionnent de manière presque entièrement autonome », explique Wim Vermeir, directeur des ventes Benelux chez Exotec.
« Chaque robot a en fait une sorte de plan de masse dans sa mémoire. En fonction du nombre de tours qu’il effectue sur ses roues, il sait théoriquement où il se trouve », explique Vermeir. Pour corriger le glissement et la friction, les robots disposent également d’un scanner laser qui détecte les objets, afin de comparer l’emplacement théorique avec la réalité.
A noter également : « les robots ne communiquent pas entre eux, seulement avec notre logiciel. Ils transmettent leur position réelle plusieurs fois par seconde, après quoi notre contrôleur recalcule les itinéraires plusieurs fois par seconde », explique Vermeir.
Pour pouvoir le faire, Exotec fournit son propre système Wi-Fi. « Vous devez disposer d’un temps de réponse gigantesque », déclare Vermeir. En effet, si les clients devaient utiliser leur propre équipement Wi-Fi, il est possible que la connexion ne soit pas assez puissante pour transmettre les signaux à temps.

En utilisant cet équipement, l’entreprise minimise le risque d’accident, même si parfois un robot sort de sa trajectoire lorsque le sol est mouillé, explique Wouter de Vliegher, directeur de la chaîne d’approvisionnement et de l’informatique chez Eltra. Toutefois, la plupart des incidents sont résolus avant même que le client ne se rende compte que quelque chose ne va pas. Cela se fait par le biais d’un point de contrôle central à Exotec.
Mais le système serait particulièrement bénéfique pour les employés. « Tout est pré-mâché maintenant. Les employés ne peuvent presque plus faire d’erreurs », explique de Vliegher. En outre, les travailleurs doivent effectuer moins de travail physique.
Il précise toutefois que ce changement ne convient pas à tout le monde. « Vous avez des gens qui aiment faire ça (rester debout toute la journée à un poste de préparation des commandes, ndlr). Leur journée passe vraiment très vite. D’autres personnes ont besoin d’un autre type de défi. Ils ont besoin d’avoir des contacts avec les gens, de se rendre une fois dans un rayon, ce genre de choses. »
Vermeir révèle qu’Exotec construit également des robots pour les postes de prélèvement. Toutefois, selon les porte-parole d’Eltra présents, ils n’auraient pas encore l’intention de les utiliser.

À terme, Eltra souhaite que le système Exotec soit utilisé pour traiter 65 à 70 % de tous les produits. Fait remarquable, elle n’a besoin que de 10 % de l’espace de l’entrepôt pour y parvenir.
En effet, les robots d’Exotec nécessitent beaucoup moins d’espace que les préparateurs de commandes humains. Selon Eltra, cela permet d’augmenter la capacité des entrepôts « jusqu’à cinq fois ». De plus, comme le système est modulaire, il peut toujours être étendu.
Cependant, les produits restants seront toujours dans un entrepôt conventionnel. Cela s’explique principalement par le fait que les robots d’Exotec ne sont pas très grands et ne peuvent transporter que 30 kilogrammes de marchandises à la fois.
Selon les porte-parole d’Eltra, la transition a été extrêmement rapide. La construction de l’infrastructure a commencé à la fin du mois d’août 2021. Quatre mois plus tard, les robots ont commencé à faire leurs premières commandes.
Exotec voit plus grand également
Ce n’est pas seulement chez Eltra que des changements radicaux ont eu lieu en un court laps de temps. En effet, Exotec elle-même est en train de conquérir rapidement le monde. Une présentation d’Eltra et d’Exotec montre que l’entreprise a vu son chiffre d’affaires pratiquement doubler chaque année au cours des dernières années.
Parallèlement, l’entreprise est déjà présente dans plusieurs régions, notamment en Amérique du Nord, en Asie et dans une grande partie de l’Europe. Vermeir a informé Business AM qu’Eltra ne sera bientôt plus le seul client belge de l’entreprise. Cependant, il n’a pas pu en dire plus à ce sujet.
Cependant, il considère que l’avenir est très prometteur. « Nous sommes sur le marché depuis cinq ans maintenant. Les gros bonnets voient maintenant que cela fonctionne et il y a une confiance dans le système. » Si, au départ, la société vendait surtout des installations de petite taille, aujourd’hui, Exotec construit presque exclusivement des installations pour les grandes entreprises, explique Vermeir.
À ce rythme, Exotec atteindra un chiffre d’affaires annuel d’un milliard d’euros d’ici quatre à cinq ans, informe-t-il. En 2021, le chiffre d’affaires a déjà dépassé les 100 millions d’euros, soit cinq fois plus qu’en 2019.
(CP)