Les exécutions de criminels restent un vrai spectacle en Chine. Une nouvelle preuve a été apportée avec une sentence prononcée il y a quelques jours: des milliers de personnes se sont massées dans un stade pour ne rien rater. En Belgique, la peine de mort a été abolie officiellement en 1996, mais la dernière exécution capitale remonte à 1918. Si cette sentence nous paraît aujourd’hui archaïque et bestiale, elle reste encore appliquée dans 57 pays, tels que l’Arabie saoudite, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran, l’Irak, la Biélorussie, Cuba, les États-Unis, la Corée du Nord, le Japon, ou encore la Chine.En Chine, justement, une peine capitale a été prononcée à l’encontre d’un groupe de dix personnes, samedi à Lufeng, dans la province du Guangdong. Si ce genre de fait est courant, c’est tout le caractère événementiel autour qui est plus surprenant. En effet, des milliers de résidents de la province ont pu assister à la condamnation des prévenus, rapporte les médias chinois relayés par le correspondant en Chine du Guardian Benjamin Haas. Et tout cela, en direct dans un stade de la ville.
Un spectacle
Quatre jours avant la décision judiciaire, les habitants ont été invités via un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Le jour j, les accusés ont été emmenés au stade dans des camions de la police. Sur place, ils ont été forcés à monter, un par un, sur une petite plateforme pour entendre leur sentence publique, en témoigne la vidéo du procès.
À la fin, les dix condamnés ont été emmenés plus loin, pour être exécutés immédiatement après. Heureusement pas sous les yeux des habitants. Sur les dix, sept avaient été reconnus coupables de crimes liés à la drogue, par un tribunal chinois un peu plus tôt. Les trois autres avaient été reconnus coupables de meurtre et de vol.
12.000 exécutions en 2002
Cela reste une réalité, la Chine exécute chaque année plus de personnes que ne le fait le reste du monde. Mais dans le plus grand des secrets, puisque les chiffres exacts ne sont jamais publiés par l’État. Selon les estimations de la Fondation Dui Hua (une ONG qui milite pour les droits de l’homme aux États-Unis), ce sont près de 2.000 exécutions qui ont été organisées, rien que l’année dernière. C’est mieux que les 12.000 estimées en 2002, mais cela reste 2.000 de trop.La peine de mort est prononcée pour toute une série de crimes, même lorsqu’il n’y a pas eu d’acte de violence. Cela va du trafic de drogue, aux vols, en passant par les crimes économiques. Néanmoins, les procès publics, tels que celui-ci, étaient de plus en plus rares, mais semblent revenir en force ces dernières années. C’est un gros retour en arrière.