L’euro numérique: une option de paiement électronique privé

La Banque centrale européenne (BCE) conçoit l’euro numérique comme l’une des options de paiement électronique les plus privées. Selon Maarten Daman, responsable de la protection des données à la BCE, cet objectif nécessitera des garanties pour gagner la confiance des citoyens de l’UE dans l’utilisation de la monnaie numérique de la banque centrale (MNBC).

La BCE n’a pas d’intentions cachées et son objectif principal est de créer un euro numérique qui nécessite le moins de données possible.

Inquiétudes en matière de protection de la vie privée

Bien qu’il soit encore en cours de développement, l’euro numérique se heurte déjà à des résistances liées à la protection de la vie privée. La BCE doit offrir des garanties pour gagner la confiance des citoyens de l’UE dans l’utilisation de la CBDC. M. Daman a souligné que la BCE n’a pas d’intentions cachées et que des efforts importants sont déployés pour créer un euro numérique qui nécessite le moins de données possible.

La plupart des Européens restent mal informés sur l’euro numérique, 59 pourcent des personnes interrogées ne sachant rien à ce sujet, selon une enquête réalisée le 6 juin par la banque centrale allemande, la Deutsche Bundesbank. La BCE a une excellente occasion de faire connaître l’euro numérique à la plupart des Européens. L’enquête de la Bundesbank a révélé que les trois quarts des personnes interrogées considèrent que la protection de la vie privée lors de l’utilisation de l’euro numérique est très importante ou importante.

Stratégie de pseudonymisation

La BCE étudie des solutions technologiques, telles que la pseudonymisation, afin que l’Eurosystème, l’émetteur et le fournisseur de l’infrastructure de paiement, ne puisse pas relier directement les transactions à des individus spécifiques. La pseudonymisation renforce la protection de la vie privée en remplaçant les attributs de l’identité par des attributs fictifs, dissimulant ainsi les identités personnelles.

Richard Brown, directeur technologique de R3, spécialisé dans la blockchain d’entreprise et les CBDC, a déclaré qu’une solution élégante aux problèmes de confidentialité de l’euro numérique impliquerait que des entreprises privées non liées au gouvernement gèrent les relations commerciales directes des clients en tant que données personnelles identifiables. Il a souligné que « les données identifiables seraient tenues à l’écart de l’enregistrement principal des transactions financières, également connu sous le nom de grand livre ».

Les lois et la supervision

L’approche de la BCE en matière de pseudonymisation suit cette voie, car les prestataires de services de paiement chargés de traiter les données des citoyens disposeraient d’un flux de données séparé avec l’Eurosystème, ce qui rendrait impossible l’identification directe des utilisateurs finaux ou l’établissement d’un lien entre l’une quelconque des données traitées par l’Eurosystème et un utilisateur final déterminé. La BCE adhérera à la législation relative à l’euro numérique et sera supervisée par le Contrôleur européen de la protection des données.

La Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) interviendra en cas de violation de la législation. Si un acte de l’UE est considéré comme violant les traités de l’UE ou les droits fondamentaux, tels que le droit à la vie privée, la CJUE a le pouvoir de l’annuler. Les monnaies fiduciaires comme le dollar ou l’euro reposent sur la confiance du public dans l’émetteur. M. Daman a déclaré que la confiance et la protection de la vie privée sont des aspects essentiels pris en compte pour l’euro numérique.

Le point de vue des experts

Richard Turrin, auteur de Cashless: China’s Digital Currency Revolution, estime que « le message de la BCE sur la protection de la vie privée est tout à fait pertinent, et ses affirmations selon lesquelles l’euro numérique sera plus confidentiel que les paiements par carte existants sont vraies ». Toutefois, il ajoute qu’une fois que la BCE aura lancé le projet final, « nous devrons tous jeter un coup d’œil pour nous assurer que les affirmations de la BCE en matière de protection de la vie privée sont exactes, mais c’est déjà un bon début ».

Joana Cotar, députée allemande indépendante et organisatrice de la campagne de sensibilisation Bitcoin im Bundestag, s’est inquiétée des risques d’abus. Elle a souligné que l’histoire a montré plusieurs cas où les États ont utilisé à plusieurs reprises les nouvelles technologies contre la population.

Josh Swihart, PDG d’Electric Coin Company, qui a créé la pièce de monnaie privée Zcash, affirme que la conception de la CBDC permet aux émetteurs d’avoir « une visibilité sur les soldes et les transactions et de prendre des mesures telles que l’inscription d’adresses sur une liste noire ou le gel des fonds ». Il estime qu’avec une telle structure, la confidentialité financière totale n’est pas garantie.

Principales conclusions

• L’euro numérique est conçu pour être l’une des options de paiement électronique les plus privées.
• La BCE étudie des solutions technologiques telles que la pseudonymisation pour améliorer la confidentialité des utilisateurs.
• Les préoccupations en matière de protection de la vie privée sont encore à l’étude et la BCE doit fournir des garanties pour gagner la confiance du public.
• Les experts ont des avis partagés sur le potentiel de l’euro numérique en matière de protection de la vie privée.

Si vous souhaitez accéder à tous les articles, abonnez-vous ici!

Plus