Il n’est pas nécessaire d’être écossais ou gallois pour comprendre que le patriotisme anglais suscite beaucoup de résistance. Le succès de l’équipe de football anglaise à l’Euro 2020 et surtout la surréaction nationaliste dérangent beaucoup le Royaume-Uni, qui est plus que jamais au bord du gouffre. Les Anglais ont joué un tournoi fantastique mais ils risquent de fragiliser davantage leur fragile union.
Les Écossais étaient déjà acquis à l’Italie
Il suffit de consulter les sites des journaux d’Écosse, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord pour constater que les victoires de l’Angleterre dans les provinces britanniques étaient vues sous un angle totalement différent. Ils ont chacun leur propre équipe nationale de football, mais elles ont toutes été sorties ou n’ont même pas intégré le tournoi. Il faut chercher loin pour trouver des nouvelles des exploits du football anglais, sans parler de l’enthousiasme que suscitent leurs succès. Beaucoup de pubs écossais ont même décoré leur établissement avec des drapeaux italiens.
L’Ecosse veut vraiment faire sécession
Depuis des décennies, le Scottish National Party (SNP), une sorte de N-VA, fervent nationaliste, fait activement campagne pour l’indépendance de l’Écosse. La première ministre Nicola Sturgeon a de nouveau remporté les élections en mai 2021 avec 47,7 % des voix. Elle n’était qu’à un siège de la majorité absolue. Bien que son parti ait perdu la première consultation populaire, elle fait maintenant pression pour un nouveau référendum sur l’indépendance après sa victoire retentissante. Elle a toutefois besoin de l’autorisation du gouvernement britannique, qui n’a pour l’instant pas l’intention de la lui accorder.
Lors du premier référendum qui a eu lieu en 2014, le SNP a perdu. 55 % des Écossais ont déclaré vouloir rester au Royaume-Uni. La sortie chaotique de l’Union européenne a renforcé les arguments en faveur d’une éventuelle indépendance. Mme Sturgeon souhaite ensuite adhérer immédiatement à l’Union européenne, même si cette dernière temporise, afin de ne pas être accusée d’intervenir dans la politique locale d’un pays. Seuls 38 % des Écossais ont voté pour le Brexit en 2016.
L’Irlande du Nord redevient un enfant à problèmes
L’Irlande du Nord est une province à problèmes depuis 1609, lorsque des terres appartenant aux catholiques irlandais ont été attribuées à des migrants anglais protestants et à des Écossais.
Les tensions entre les protestants, fidèles au Royaume-Uni, menés par le parti nationaliste DUP, et les catholiques, qui n’excluent pas une éventuelle union avec l’Irlande, ont fortement augmenté depuis le Brexit. Grâce au DUP, Boris Johnson, le Premier ministre anglais, a pu faire passer son plan Brexit en demi-teinte au Parlement britannique, après avoir perdu la majorité absolue des Tories sous le règne de Theresa May.
Les manifestants nationalistes sont très nerveux car le « protocole sur l’Irlande du Nord » – une clause, qui fait partie de l’accord entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne après le Brexit – a érigé une frontière en mer d’Irlande. En conséquence, l’Irlande du Nord est désormais coupée du Royaume-Uni. Bien qu’un référendum d’affiliation n’ait jamais vraiment existé dans cette province, il est maintenant aussi devenu une question négociable.
Là aussi, une minorité voulait quitter l’Union européenne. Seuls 44,2 % des Irlandais du Nord ont voté pour le Brexit.
L’équilibre instable du Pays de Galles
Le Pays de Galles semble aujourd’hui le moins susceptible de faire sécession du Royaume-Uni. En partie parce qu’ils dépendent des deniers du gouvernement central, en partie parce que le parti nationaliste y a moins de partisans. Mais encore une fois, ce n’est pas glorieux pour le gouvernement britannique. D’après le dernier sondage, 39 % des Gallois souhaiteraient désormais faire sécession du Royaume-Uni, soit une augmentation de 20 points par rapport à un sondage précédent.
Le mal de tête des Anglais et de Boris Johnson va durer un peu plus longtemps. Un Dafalgan ne suffira pas à sauver l’Union
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L’auteur Xavier Verellen est actif dans le secteur de l’Internet des objets. Son premier livre, Human Park, sortira bientôt.