Les Etats-Unis envisagent de déclarer les voitures importées comme “une menace pour la sécurité nationale”

Non seulement les États-Unis songent à augmenter les droits de douane sur les voitures allemandes, mais de plus, le gouvernement Trump envisage de déclarer leur importation comme une menacepour la  sécurité nationale. Le ministère du Commerce américain qui a examiné cette possibilité, a rendu son verdict dimanche.  

Selon Ambrose Evans-Pritchard du Daily Telegraph, le rapport dans ses grandes lignes est déjà une cause entendue, et le dossier serait suivi de près par le président américain Donald Trump lui-même.

Les importations de voitures étrangères pourraient être qualifiées de menace pour la sécurité nationale

D’après William Reinsch, analyste au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, le gouvernement américain pourrait qualifier l’importation de voitures étrangères de menace à la sécurité nationale. Dans ce cas, la Maison Blanche disposerait ensuite de 90 jours pour pour mettre en place une action concrète. 

Celle-ci pourrait prendre la forme de mesures ciblées contre les pièces détachées de haute technologie et les véhicules électriques, voire, une taxe de 25 % sur toutes les voitures importées. Selon le quotidien britannique, Trump a déjà fait part de sa préférence pour cette dernière. Le journaliste rappelle que les Américains taxent actuellement les voitures provenant de l’UE à hauteur de 2,5 %, alors que l’UE taxe les voitures américaines de 10 %. 

« Quand Trump pense que vous êtes faible, il frappe »

« Une action aussi drastique remettrait en cause effectivement 10 % des échanges transatlantiques, et provoquerait des ravages dans les chaînes d’approvisionnement complexes.  Cela raviverait les craintes d’une guerre commerciale entre les deux plus grands blocs du monde et mettrait un terme à la reprise sur les marchés boursiers », écrit Ambrose-Pritchard. 

Le magazine allemand Wirtschaftswoche a rapporté que  l’Union européenne s’était déjà préparée à de potentielles contre-mesures qui pourraient affecter les exportateurs américains à hauteur de 20 milliards de dollars. Le journaliste cite le constructeur Tesla, des constructeurs de voitures électriques, et toute un éventail d’autres producteurs. 

Cependant, des droits de douane américains de 25 % frapperaient de plein fouet les constructeurs allemands, cible obsessionnelle du président américain. [Il possède pourtant lui-même Mercedes SLR McLaren et une Mercedes Maybach, tandis que sa fille Ivanka conduit un cabriolet de la même marque…]. Mais ils seraient également une catastrophe pour les constructeurs britanniques, déjà fragilisés avec le Brexit. Ils se sont en effet imposés comme les seconds exportateurs de voitures européens aux Etats-Unis, derrière les Allemands.

Selon William Reinsch, l’ancien chef du Conseil national du commerce extérieur américain, le gouvernement américain utilisera la menace de ces mesures pour extorquer de nouvelles concessions à l’Union européenne, des quotas, par exemple. Le gouvernement Trump pourrait exploiter la menace d’une récession imminente au sein du bloc pour obtenir gain de cause. « Quand Trump pense que vous êtes faible, il frappe », explique Reinsch.

La trève signée avec l’UE est en train de s’évanouir

La trève signée l’année dernière par le président Trump, et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, est en train de s’évanouir. « Elle était trop belle pour être vraie pour les Européens et a mise en lambeaux par le Congrès américain entretemps », affirme Evans-Pritchard.

En outre, les Eurodéputés s’apprêtent à voter sur un texte qui critique la politique étrangère de Trump vis-à-vis de l’Iran et affirme que les droits de douance récemment imposés sur l’acier par les Etats-Unis constituent une violation des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La résolution prescrit également à l’UE de ne pas entamer de négociations « sous la menace ». Toutes ces propositions risquent de faire enrager le président américain, qui y verra une remise en cause des termes de son accord avec Juncker. Plus rien ne le retiendra donc de s’attaquer aux importations de voitures. 

Trump s’est mis dans une impasse et ne peut se permettre de semer la panique sur les marchés

Néanmoins, d’autres experts estiment qu’un recours à la sécurité nationale reviendrait à outrepasser les règles du commerce international. « Le responsable du commerce américain, Jim Lighthizer, est sensible à cela et ne veut pas ouvrir un deuxième front contre l’Union européenne alors que le pays se concentre pour le moment sur les pratiques commerciales prédatrices de la Chine », explique Reinsch.

Il pense que le gouvernement américain pourrait se contenter de cibler les véhicules électriques et les pièces détachées de haute technologie. « Trump s’est mis dans une impasse. Il va y avoir toutes sortes de poursuites judiciaires contre lui. S’il impose des droits de douane importants en situation de ralentissement économique, les investisseurs revendront massivement leurs titres sur les marchés », dit-il. 

Aux États-Unis, les droits de douane à l’importation ne font pas l’unanimité. Trump est cependant convaincu que les droits de douane de 25 % appliqués sur les camions étrangers ont pratiquement banni ces derniers du  marché américain. Il pourrait être tenté de dupliquer cette stratégie sur les voitures européennes. 

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