Est-ce que l’inflation plus élevée que prévu pourrait retarder la première baisse des taux de la Fed ?

Est-ce que l’inflation plus élevée que prévu pourrait retarder la première baisse des taux de la Fed ?
Jerome Powell (Fed) – Getty Images

La vie aux États-Unis est devenue plus chère que prévu le mois dernier. Quel impact cela aura-t-il sur la politique des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) ?

Dans l’actualité : L’inflation américaine a atteint 3,4 % en décembre (sur une base annuelle), contre 3,1 % en novembre.

  • L’inflation a également augmenté plus que prévu. Les économistes avaient prédit une hausse des prix à la consommation de 3,2 %.
  • L’inflation sous-jacente – hors énergie et aliments non transformés – était de 3,9 %. C’est un peu moins qu’en novembre, où une inflation de base de 4 % avait été enregistrée.
    • Les économistes avaient anticipé une inflation de base de 3,8 %.
  • Philip Marey, économiste chez Rabobank, explique au Financieele Dagblad que la hausse de l’inflation est principalement due à l’augmentation du coût des services et des loyers. « Il est difficile de maintenir la hausse des loyers en dessous de 2 %, en raison de la pénurie de logements aux États-Unis », dit-il.

Comment la Fed va-t-elle réagir ?

Perspectives : L’inflation plus élevée que prévu pourrait contraindre la Réserve fédérale à retarder une première baisse des taux.

  • Lors de l’explication de la dernière décision sur les taux, le président de la Fed, Jerome Powell, a évoqué plusieurs baisses des taux en 2024. On s’attend à ce que le taux des fonds fédéraux baisse trois fois.
  • Mais le marché du travail – un indicateur clé pour la banque centrale américaine – reste tendu. Selon le dernier rapport sur l’emploi du ministère américain du Travail, 216 000 emplois ont été créés en décembre, plus que les 170 000 attendus. Le taux de chômage est resté stable à 3,7 %.
    • Tant que le marché du travail reste tendu, les travailleurs peuvent exiger des salaires plus élevés. Cela augmente leur pouvoir d’achat, ce qui a un effet à la hausse sur l’inflation. En décembre, les salaires américains ont augmenté en moyenne de 4,1 % par rapport à l’année précédente.
  • James Knightley, économiste chez ING, note dans une analyse qu’en raison de la persistance de la tension sur le marché du travail et de l’augmentation de l’inflation, il y a beaucoup d’incertitude quant au moment où la Fed baissera les taux pour la première fois. Il prévoit une première baisse en mai, alors que le consensus des économistes tablait sur le mois de mars.
  • Bien que l’inflation reste au-dessus de l’objectif de 2 % de la Fed, elle a considérablement diminué. Au plus fort (juin 2022), elle était de 9,1 %. Cependant, certains économistes avertissent que la banque centrale est encore confrontée à un grand défi. John Min, économiste en chef chez Monex USA, en fait partie. « La partie facile consistait à freiner l’inflation de près de 9 à environ 3 %. Parvenir aux « derniers kilomètres » pour atteindre l’objectif de 2 % de la Fed pourrait s’avérer le plus difficile », dit-il. Le même son de cloche peut d’ailleurs être entendu en Europe.

Quelles sont les attentes du marché ? La probabilité d’une première baisse des taux d’ici mars est en baisse, estimée à un peu plus de 65 %, selon l’outil FedWatch du CME. Elle était à plus de 80% il y a quelques semaines.

  • M. Marey appuie en faveur de la prudence de la Fed, par rapport aux marchés : « La croissance des salaires est en baisse mais reste relativement élevée, et l’inflation sous-jacente est haussière », précise-t-il.
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