Le chancelier autrichien Sebastian Kurz menace de réintroduire des contrôles à la frontière avec l’Italie et la Slovénie. Selon Kurz, une Europe sans frontières intérieures n’est possible que si la frontière extérieure de l’UE est mieux surveillée.
En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a réussi à sauver son gouvernement de coalition, dimanche soir in extremis. De cette manière, elle a permis non seulement à l’Allemagne, mais aussi à l’Union européenne, d’échapper à la menace d’un été incertain. Afin de mettre un terme à l’immigration clandestine entre l’Autriche et l’Allemagne, il a été décidé de créer des centres de transit fermés pour les demandeurs d’asile dans la zone frontalière avec l’Autriche et l’Italie. De nombreux migrants clandestins passent par ces deux pays pour gagner l’Allemagne.
Une scission de l’Union CDU/CSU était bel et bien en train de se produire
Les demandes d’asile des immigrés y seront traitées d’urgence, et ceux qui n’obtiendront pas l’asile seront immédiatement expulsés du pays. Selon le journal allemand Bild, c’est à Wolfgang Schaüble, ancien ministre des Finances du gouvernement Merkel III et maintenant président du Bundestag, que l’on doit cette idée.
Bien qu’elle aille à l’encontre de la libre circulation des personnes instituée dans la zone Schengen, Merkel n’avait d’autre choix que d’accepter la proposition. En effet, “l’Union” historique que son parti, la CDU, a formée avec son parti frère bavarois, la CSU de Horst Seehofer, menaçait de voler en éclats. La coalition politique CDU/CSU est dans le gouvernement allemand depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais tant au sein de la CSU que de la CDU, Merkel a perdu le soutien du puissant lobby des PME. Elle devait donc sauver cette union.
L’Autriche ne veut rien savoir de ce compromis
Mais entre-temps, le chancelier autrichien Kurz a réagi face à l’Allemagne et averti que si le compromis que Merkel a conclu avec son partenaire de coalition, le CSU, est effectivement mis en œuvre, l’Autriche réintroduira des contrôles à ses frontières avec l’Italie et la Slovénie.
L’accord conclu par la CDU/CSU pourrait alors déclencher un effet domino qui compromettrait le fonctionnement de la zone Schengen.
Qu’est-ce que la zone Schengen?
La zone Schengen porte le nom de la ville luxembourgeoise de Schengen, où un traité a été signé en 1985 pour mettre fin aux contrôles aux frontières européennes. Ce traité a créé un espace sans frontières intérieures, connu sous le nom d’espace Schengen. Cette zone a été progressivement élargie et depuis 2013, elle intègre plus de 22 États membres de l’UE, plus l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein.
- En bleu foncé: les pays de l’espace Schengen membres de l’UE
- En bleu clair: les pays de l’espace Schengen qui ne sont pas membres de l’UE
- En vert: les pays coopérants
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En brun clair: les futurs États membres
“Une Europe qui protège”
Selon Kurz, une Europe sans frontières intérieures n’est possible que si la frontière extérieure de l’UE est mieux surveillée. C’est sous le slogan “Ein Europa, das schützt”, c’est-à-dire “Une Europe qui protège”, que l’Autriche a entamé sa présidence tournante de l’UE pour une durée de 6 mois le 1er juillet dernier.
Ce jeudi, Merkel, Kurz et Seehofer se rencontreront à Vienne. Si aucun compromis n’est atteint, l’un des fondements de l’UE, à savoir la libre circulation des personnes, menace d’être remis en cause.