Le potentiel énergétique de la houle et des vagues n’est plus à démontrer. Cependant, leur exploitation représente encore aujourd’hui un important défi. L’énergie houlomotrice pourrait pourtant être un allié de taille dans la transition énergétique.
Les vagues au large des États-Unis pourraient générer 2,64 billions de kilowattheures d’électricité par an, selon l’Energy Information Administration (EIA). C’est énorme. Cela représente 64% de la production totale d’électricité à grande échelle aux États-Unis en 2021. Le potentiel est donc important et pourrait être un allié de taille dans la lutte contre le changement climatique. Encore faut-il pouvoir l’exploiter.
Les États-Unis y croient dur comme fer
« L’énergie houlomotrice est vraiment la dernière pièce manquante pour nous aider à passer à 100 % aux énergies renouvelables », a déclaré Marcus Lehmann, co-fondateur et PDG de CalWare Power Technologie, une startup qui travaille à exploiter cette source d’énergie. Une tâche qui n’est pas aisée, car contrairement aux vents et aux courants, la houle et les vagues ne sont pas linéaires, ce qui rend leur exploitation énergétique compliquée.
Malgré les obstacles, le Département américain de l’énergie (DOE) y voit un réel potentiel. C’est d’ailleurs pourquoi il a débloqué début d’année un budget de 25 millions de dollars pour financer 8 projets d’énergie houlomotrice. De quoi aider ces startups à trouver un moyen d’exploiter ces vagues incontrôlables.
« Les vents et les courants, ils vont dans un sens. Il est très facile de faire tourner une turbine ou un moulin à vent lorsque vous avez un mouvement linéaire. Les vagues ne sont pas vraiment linéaires. Elles oscillent. Et nous devons être capables de transformer cette énergie oscillatoire en une sorte de forme capturable », a indiqué Burke Hales, professeur d’océanographie et scientifique en chef de PacWave, « une installation de test d’énergie des vagues », financée par le DOE. Actuellement en construction, ce site sera la première installation de test à grande échelle connectée au réseau du pays. Encore faut-il qu’elle soit mise en ligne, ce qui ne devrait pas se concrétiser avant plusieurs années.
« PacWave représente vraiment pour nous une opportunité de s’attaquer à l’un des obstacles les plus critiques à l’activation de l’énergie des vagues, à savoir l’introduction d’appareils en haute mer », a déclaré Jennifer Garson, directrice du bureau des technologies de l’énergie hydraulique au département américain de l’énergie, rapporte CNBC.
Des approches différentes
Les différentes startups ont une approche différente pour parvenir à maitriser les vagues et à en extraire de l’énergie. Par exemple, la société CalWave de Marcus Lehmann mise sur un dispositif qui se déplace à la surface de l’eau en harmonie avec les vagues. Il monte et descend, avance et recule au rythme de l’eau. Les amortisseurs à l’intérieur de l’appareil le stabilisent en fonction du mouvement des vagues, ce qui entraine le générateur et donc, la production d’électricité.
« Et ainsi les vagues déplacent le système de haut en bas. Et chaque fois que [l’appareil] descend, nous pouvons générer de l’énergie, puis les vagues le font remonter. Et pour que ce mouvement oscillant, nous puissions nous transformer en électricité comme une éolienne », a déclaré Lehmann.
Ce projet est celui qui a reçu le montant le plus élevé de la part du DOE, 7,5 millions de dollars.
A côté, nous avons Oscilla Power qui planche sur un appareil composé de deux parties. La première flotte à la surface de l’eau et se déplace avec les vagues dans toutes les directions. Elle est reliée une seconde partie, une grande structure en forme d’anneau qui pend de manière relativement stable sous la surface. C’est la différence de mouvement entre le flotteur et l’anneau qui génère une force sur les lignes de connexion et qui est utilisée pour faire tourner une boite de vitesse qui entraine un générateur.
Actuellement en test au large d’Hawaï, le produit final fera trois fois la taille du prototype actuel.
Beaucoup d’inconnues
Les projets semblent prometteurs, les personnes engagées dans les différents projets assurent que le potentiel de leur appareil est énorme et qu’il permettra de générer de l’énergie renouvelable grâce aux vagues, mais dans les faits, il reste encore beaucoup d’inconnues. La première question est tout simplement de savoir si les coûts nécessaires à l’exploitation de l’énergie houlomotrice seront compétitifs par rapport à ceux des combustibles fossiles.
Ensuite vient la question de l’impact des dispositifs sur les écosystèmes marins. Ne va-t-on pas nuire encore un peu plus à la vie sous-marine ? Le DOE et les entreprises actives dans le secteur assurent qu’ils portent une attention toute particulière sur les effets de leur activité sur la vie marine, mais qu’en sera-t-il sur le long terme ?
Reste qu’il y a bien un potentiel, encore faut-il que les gouvernements suivent et mettent la main au portefeuille pour promouvoir ce type d’énergie, mais il faudra attendre plusieurs années avant de voir des villes entières s’éclairer à l’énergie houlomotrice.