« Oui, l’Europe peut atteindre l’indépendance énergétique rapidement. » Et apparemment, ça ne coûterait pas tant que ça

« Oui, l’Europe peut atteindre l’indépendance énergétique rapidement. » Et apparemment, ça ne coûterait pas tant que ça
Selon le rapport, l’Europe peut atteindre l’indépendance énergétique dès 2040. (INA FASSBENDER/AFP via Getty Images)

Selon une étude de l’institut Potsdam, l’indépendance énergétique européenne est bien accessible. La coupler avec du 100% renouvelable aussi. Mais il faut y mettre le prix.

Pourquoi est-ce important ?

La guerre en Ukraine et les relations russo-européennes sous tension ont montré à quel point être trop dépendant de l'étranger pouvait être dangereux. La crise énergétique qui a suivi a fait très mal. Depuis, le Vieux continent a cherché à se défaire de sa dépendance à la Russie. Plutôt avec succès. Mais il a remplacé le gaz russe par du gaz américain ou qatari, entre autres. Ce qui est évidemment plus sûr à court terme, mais peu conseillé à long terme. L'idéal, ce serait d'être indépendant. Et vert, tant qu'on y est.

Dans l’actu : un rapport sur la possibilité d’une indépendance énergétique européenne.

  • Selon le rapport qu’a reçu Reuters, l’Europe peut atteindre l’autosuffisance énergétique dès 2040. En plus d’être totalement indépendante des autres pays, elle ne compterait plus que sur des sources d’énergie vertes.

L’éolien avant tout

Les détails : 2.000 milliards d’euros pour y arriver.

  • Les chercheurs estiment qu’arriver à cette indépendance énergétique implique des investissements d’environ 2.000 milliards d’euros.
  • Il faudrait d’abord dépenser 140 milliards d’euros chaque année jusqu’en 2030. Cela nécessiterait ensuite des investissements à hauteur de 100 milliards d’euros durant la décennie suivante.
    • La majeure partie des investissements devrait être dirigée vers l’éolien terrestre. Pour le reste, il faudrait soutenir l’énergie solaire, la géothermie ou encore l’hydrogène (vert).
  • Selon le rapport, l’argent investi jusqu’à la fin de cette décennie devrait déjà permettre au Vieux continent de compter sur une électricité à 100% d’origine renouvelable.
  • Les investissements à réaliser par la suite serviraient à convertir l’ensemble du système énergétique. Comme les systèmes de chauffage au gaz ou au fioul.
  • Selon ce plan, l’Europe dépendrait donc à 100% d’énergie aussi verte que locale d’ici moins de vingt ans.
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Qu’est-ce que cela représente ?

La question : c’est beaucoup ?

  • « Ces montants sont considérables, mais il est important de se rappeler qu’on estime que les pays européens ont dépensé 792 milliards d’euros supplémentaires l’an dernier dans le seul but de maintenir le statu quo afin de protéger les consommateurs des effets de la crise énergétique déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine », écrivent les auteurs du rapport.
  • Une comparaison qu’il convient tout de même de nuancer. Ce chiffre de 792 milliards d’euros sort d’un rapport publié par le think tank Bruegel en février dernier.
    • D’une part, le calcul tient compte des mesures prises depuis septembre 2021. Ce qui est un peu plus long que la simple année 2022. D’autre part, il englobe aussi le Royaume-Uni et la Norvège. Sans parler du fait que le think tank a revu et corrigé ces chiffres par la suite.
    • En fin de compte, Bruegel estime qu’il y a eu, dans l’UE, 646 milliards d’euros de dépenses liées à la crise énergétique jusqu’à présent.
    • En comparaison, les 140 milliards annuels estimés par les chercheurs de Potsdam pour les énergies vertes semblent dérisoires face à cette facture finalement liée aux énergies fossiles.
  • Pour compléter le tableau, on peut noter que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’il y a eu 1.600 milliards de dollars de dépenses dans les énergies propres dans le monde en 2022. Dont 52% dans les économies avancées.
    • Là aussi, les 2.000 milliards d’euros (jusqu’en 2040) calculés par les auteurs de notre rapport paraissent être une bagatelle.

Les appels à l’aide du renouvelable se multiplient

Le contexte : un secteur en souffrance.

  • L’Union européenne a récemment décidé de relever ses objectifs en matière d’énergies vertes. Elle compte faire passer la part du renouvelable dans son mix énergétique de 22 à 42,5% d’ici 2030.
    • Cela vise un double objectif : se sevrer du gaz russe et polluer moins.
  • De son côté, le secteur européen du renouvelable ne cesse d’appeler les décideurs européens à les soutenir davantage. Car il souffre. Ursula von der Leyen a d’ailleurs fait quelques promesses à l’égard de l’éolien lors de son discours sur l’état de l’Union, le mois dernier.
    • On notera que l’étude de l’institut de Potsdam a été commandée par Aquila Capital. Une société de gestion d’investissements principalement concentrée sur… les énergies renouvelables.
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