Le modèle de navettage qui a structuré notre semaine de travail pendant des décennies craque de toutes parts. Embouteillages, stress et heures perdues ne sont pas une fatalité, mais les symptômes d’un système dépassé. En 2026, croire encore au siège social classique, c’est être en décalage avec son temps.
En Belgique, l’automobiliste moyen perd chaque année l’équivalent d’une semaine de travail dans les files, et Bruxelles figure dans le top 10 des villes européennes les plus congestionnées. Pourtant, ce modèle s’effrite peu à peu. Ce ne sont pas seulement nos habitudes de déplacement qui changent, mais aussi notre manière d’apprendre, notre rapport au quartier et notre santé mentale.
Le siège social se vide
Le taux de vacance des immeubles de bureaux à Bruxelles reste supérieur à 8 %, sans perspective d’amélioration notable. En 2026, la situation ne sera guère différente : le siège central traditionnel cède la place à des implantations satellites plus petites et à des hubs de coworking, répartis sur l’ensemble du territoire. Moins de déplacements, plus de flexibilité — les embouteillages de pointe resteront en 2025.
Parallèlement, la ville du quart d’heure n’est plus un concept théorique, mais une évolution logique. Anvers, Gand et Louvain étaient déjà sur la bonne voie, mais des villes comme Herentals, Nossegem et Louvain-la-Neuve démontrent elles aussi l’efficacité de la proximité : logement, commerces, loisirs et travail se trouvent de plus en plus à distance de marche ou de vélo.
Renforcer le lien avec le quartier
En 2026, l’ancrage local devient un choix stratégique. Les entreprises qui investissent dans leur environnement immédiat — via le bénévolat, le parrainage de fêtes de quartier ou d’initiatives locales, ou encore la collaboration avec l’horeca de proximité — ne construisent pas seulement de la sympathie, mais aussi l’engagement de leurs collaborateurs. Ignorer le quartier, c’est passer à côté de talents et de clients à portée de main.
Le décalage sur le marché du travail est important. Les micro-formations et certifications courtes gagnent en importance : ciblées, abordables et rapides. Pour les travailleurs comme pour les employeurs, elles deviennent le moyen privilégié d’actualiser les compétences numériques et les connaissances sectorielles. Seuls 35,5 % des adultes belges suivent chaque année une formation ou un apprentissage. Le diplôme cède progressivement du terrain au profit des micro-compétences. Ces dernières années, nous avons renforcé des compétences pratiques certifiées en cybersécurité et en GDPR. En 2026, nous nous formerons aussi au langage inclusif, au bien-être mental et — évidemment — à l’IA.
Recharger les batteries mentales
Le travail n’est plus seulement le travail. Les collaborateurs passent plus rapidement d’un rôle professionnel à un rôle privé, au point que la frontière s’estompe. Fatigue, burn-out et érosion progressive de la résilience mentale en sont les conséquences. Entre 2018 et 2024, le nombre de Belges en incapacité de travail pour cause de burn-out a augmenté de 94 %. Les employeurs réagissent par davantage d’autonomie, des programmes de bien-être et des horaires flexibles. La récupération de l’énergie mentale devient une priorité.
La Belgique ne peut plus se permettre de s’accrocher à un modèle de navettage obsolète. L’avenir est local, numérique et centré sur l’humain. Ceux qui osent changer gagnent du temps et des talents. Ceux qui restent ancrés dans le passé perdent le contact avec la réalité.
Il s’agit d’un avis exprimé par Mark Dixon, fondateur et PDG d’International Workplace Group.

