Un emploi n’est plus une assurance contre la pauvreté

La Grande-Bretagne compte deux fois et demie plus de sans-abri qu’en 2010. Le nombre de banques alimentaires est passé à 2 000, contre 29 avant la crise financière. L’espérance de vie progresse plus lentement, et d’ici 2021, 40 % des enfants britanniques vivront dans la pauvreté.

C’est ce que l’on peut lire dans un rapport des Nations Unies, qui mentionne également des enfants qui vont à l’école le ventre vide et des tendances suicidaires croissantes parmi les bénéficiaires d’aides sociales.

Les conséquences sociales tragiques de la politique d’austérité

On parle de « conséquences sociales tragiques de la politique d’austérité, qui ont endommagé le filet de sécurité sociale et délibérément ôté le ciment qui maintient la cohésion de la société ».

La dramatisation de tels rapports est délibérée, afin de générer un impact maximal. « Néanmoins, cela montre surtout à quel point les économies développées telles que l’Allemagne, les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui ont perdu leur chômage, ne parviennent pas à réduire la pauvreté », écrit le Financial Times dans un éditorial.

La réaction du gouvernement de May est furieuse. Le ministère du Travail et des Pensions qualifie le rapport de « peu crédible » et de « totalement inexact ».

2,8 millions de pauvres dans les familles où tous les adultes travaillent

Mais l’expérience britannique montre que ceux qui ne se concentrent que sur «jobs, jobs, jobs» n’en font pas assez. La Grande-Bretagne compte moins de chômeurs pauvres aujourd’hui, mais au cours des cinq dernières années, elle a ajouté 500 000 travailleurs pauvres de plus. L’emploi précaire, la croissance faible des revenus et la hausse des coûts de logement font qu’un emploi n’est plus une assurance contre la pauvreté, comme il l’était auparavant. Selon l’ONU, la Grande-Bretagne compte 2,8 millions de pauvres vivent dans des familles où tous les adultes travaillent à temps plein.

Les travailleurs pauvres ont souvent des revenus irréguliers, ce qui signifie qu’ils ont besoin d’un filet de sécurité tout autant que d’un emploi. En Grande-Bretagne, les chômeurs ne peuvent prétendre à une première prestation qu’après 5 semaines, ce qui aggrave le problème. Le dysfonctionnement du marché de l’immobilier outre-Manche n’aide pas non plus.

Ceux qui veulent lutter contre la pauvreté doivent regarder au-delà de l’emploi.

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