Web Analytics

L’émission record de bons d’État en Chine : 1.000 milliards de yuans pour se refinancer

L’émission record de bons d’État en Chine : 1.000 milliards de yuans pour se refinancer
La Chine va émettre l’équivalent de 137 milliards de dollars en obligations. – Imaginechina via AP Images

Pékin se lance dans une émission record de bons d’Etat. Objectif : redonner de l’air aux gouvernements locaux, et leur offrir de quoi se protéger des catastrophes climatiques à venir. Mais ça, c’est sur le papier.

Pourquoi est-ce important ?

L'économie chinoise semble redémarrer lentement, de sorte que l'objectif de croissance du PIB de 5% pourrait bien être finalement à portée. Mais les caisses publiques ont souffert, en particulier dans les gouvernements locaux. Pékin se lance à la fois dans une grande réforme de son système de la dette publique, et dans un grand refinancement par le bon du Trésor. Un air bien connu.

1.000 milliards de yuans

Dans l’actualité : des mesures économiques radicales en Chine, que le gouvernement minimise, étonnement. Il va pourtant émettre une somme record en émissions du Trésor : 1.000 milliards de yuans, soit 137 milliards de dollars.

  • Un montant absolument considérable, que les médias chinois minimisent tout aussi étonnement. Cette opération est présentée comme la simple constitution d’une réserve, consacrée à la reconstruction des zones touchées par des catastrophes naturelles.
  • Les médias d’État chinois ont indiqué que le billion de yuans émis par le gouvernement central serait transféré aux gouvernements locaux en deux fois, moitié cette année et moitié l’année prochaine. La première moitié serait vraisemblablement consacrée aux reconstructions après les terribles inondations qui ont frappé le nord du pays. Le reste servirait à voir venir.
  • L’annonce a en tout cas eu des effets immédiats : le Hang Seng, l’indice boursier hongkongais, a grimpé de 2% ce mercredi matin.

Ce n’est pas tellement

« La taille globale du financement supplémentaire ne semble pas être considérable par rapport à la base de financement du gouvernement local. Il représente environ 5% des revenus transférés ou 2% des revenus totaux pour les gouvernements locaux. Cependant, ce financement pourrait être crucial et significatif pour soutenir des provinces sélectionnées, en particulier dans les régions touchées par des catastrophes et ayant dû recourir à davantage d’emprunts pour soutenir la reprise et le développement économique local. »

Rain Yin, directeur associé chez S&P Global Ratings, cité par CNBC

Entre les lignes : les caisses sont vides, pour de nombreux pouvoirs publics, et tout spécialement à l’échelle locale. Les localités ont dû mettre en place les mesures sanitaires ultra-strictes décidées à Pékin, ce qui a grevé leur budget. Et depuis, celles-ci tentent de se renflouer par tous les moyens, y compris par de nouvelles taxes et par l’emprunt.

  • À côté de ce plan de refinancement public massif, le gouvernement a d’ailleurs pris des mesures mardi en vue d’assouplir les conditions de financement des localités.
  • Celles-ci pourraient emprunter des fonds pour l’année à venir, à partir du quatrième trimestre précédent, selon une annonce publiée par les médias d’État. Le Conseil d’État, l’organe exécutif suprême de la Chine, déterminerait à l’avance le montant qu’un gouvernement local pourrait emprunter, et ce, durant une période de quatre ans.
  • Au passage, Xinhua, l’agence de presse officielle de l’État, a également indiqué que le déficit augmenterait à 3,8%, contre 3% actuellement.

L’ombre de l’immobilier

« L’effondrement du marché immobilier et la contraction continue des revenus tirés des ventes de terrains ont exacerbé les pressions de la dette sur les gouvernements locaux, ce qui a incité Pékin à déployer toute une série de mesures pour réduire les risques d’endettement de ces gouvernements locaux. »

Larry Hu, économiste en chef pour la Chine chez Macquarie, cité par CNBC
  • De nombreux analystes estiment que la Chine ne s’en sortira pas tant qu’elle n’aura pas réglé son problème immobilier. Les promoteurs, qui croulent sous les dettes, n’arrivent plus à vendre. La confiance s’est effondrée.
  • Or, ils n’ont plus les moyens d’achever de nombreuses constructions, bien qu’elles aient déjà été payées par les acheteurs. Une pratique courante en Chine. La valeur des logements pré-vendus à risque de non-livraison atteindrait 3 billions de yuans.
  • S&P Global Ratings a récemment estimé que si les ventes immobilières chutaient drastiquement l’année prochaine, la croissance réelle du PIB chuterait à 2,9 % en 2024. À comparer avec l’objectif de 5% pour 2023.
  • De quoi se demander si la manne financière que Pékin veut récolter avec ses bons d’État ne servirait surtout pas à relancer la construction d’infrastructures. Et en particulier à financer l’achèvement de grands complexes immobiliers achetés, mais jamais terminés.
Plus d'articles Premium
Plus