Eh, Tesla! Aux États-Unis, on peut louer une BMW i3 pour 46 € par mois…

Leasehackr, un site américain qui propose des locations de voitures longue durée, offre actuellement la possibilité de louer pendant 2 ans une BMW i3 modèle 2017 pour seulement 54$ par mois (environ 46 euros).

La valeur à l’achat de cette voiture peut atteindre 50.000 $ (42.000 euros), et un prix de location aussi bas reflète la concurrence féroce que se livrent actuellement les constructeurs de voitures électriques sur le marché américain. Leasehackr n’est donc pas la seule firme à proposer des prix de location aussi modestes. Des chasseurs de bonnes affaires ont ainsi trouvé une Honda Clarity modèle 2018 à louer pour 199$ (environ 169€), et une Chevrolet Volt pour 299$ (environ 253€).

Un marché morose…

Les adeptes des voitures électriques se font encore rares, aux États-Unis. Pour les convaincre, les constructeurs multiplient les offres et les remises. Et malgré les crédits d’impôts qui peuvent s’y ajouter, les consommateurs américains ne se laissent pas séduire, ce qui signifie que les volumes vendus sont insuffisants pour assurer un retour sur investissement aux constructeurs, alors qu’ils ont consacré des milliards de dollars au développement de cette nouvelle technologie. L’année dernière, les voitures électriques n’ont représenté que 0,6% des ventes de voitures.

Et les pertes que les constructeurs essuient sur ces voitures sont colossales. Pour chaque version électrique de la Fiat 500 vendue sur le marché américain, le constructeur italien perd environ 17.000€ ; pour la Chevrolet Bolt la perte atteint 8.000€ ; et quant au constructeur iconique du marché de la voiture électrique, Tesla, il a réalisé 2 milliards de dollars de pertes sur son chiffre d’affaires 2017 de 8,5 milliards de dollars (environ 1,7 milliard d’euros de pertes sur un CA de 7,2 milliards d’euros).

Dans ce contexte, la BMW i3 (notre photo) souffre de son design peu conventionnel (de plus, les Américains boudent de plus en plus les voitures compactes), mais aussi de son manque d’autonomie. La version la plus récente peut parcourir 180 km avec une seule charge, contre 440 pour le modèle S de Tesla.

Des voitures bradées…

Sur les marchés d’occasion, les voitures électriques, souvent bradées au moment de leur vente initiale, ne se revendent pas bien. Une BMW i3 âgée de 3 ans ne vaut plus que 27% de sa valeur d’origine. Les acquéreurs ne peuvent pas non plus bénéficier de crédits d’impôts. En conséquence, le marché de la location s’accapare la part du lion, soit 80% des voitures électriques vendues aux États-Unis, contre 30% en moyenne sur l’ensemble du secteur.

Les sociétés de location de voitures, désireuses d’abaisser les mensualités de location pour signer davantage de contrats, ont tendance à sous-estimer la dépréciation mensuelle du véhicule, et à la fin du bail, au moment de la revente du véhicule, elles essuient souvent des pertes.

Et Tesla?

Ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour Tesla, une firme récente, reposant sur des prêts de capitaux, et qui a « brûlé » 1,7 milliard de dollars (environ 1,4 milliard d’euros) de disponibilités au cours du seul premier trimestre 2018. Les analystes ne voient pas très bien comment il pourra rembourser un emprunt obligataire d’environ 195 millions d’euros qui arrive à échéance au mois de novembre. Pire, si Tesla devait emprunter sur le marché obligataire aujourd’hui, ce qui risque d’être une nécessité dans quelques mois, le taux d’intérêt qu’il serait obligé de consentir à ses créanciers serait probablement proche de 8%, compte tenu du risque qu’il leur fait courir.

« Il n’est pas judicieux d’avoir des véhicules électriques tant que l’on n’a pas une électricité vraiment bon marché. (…) Pour le moment, il faut charger les voitures électriques avec de l’énergie produite par des centrales électriques alimentées au charbon », affirme Simon Black sur son blog SovereignMan.com.

« Dans des conditions économiques normales, Tesla ne serait pas viable »

« Je suis convaincu que Tesla fait des choses vraiment intéressantes. Mais dans des conditions économiques normales, l’entreprise ne serait tout simplement pas viable. La seule raison pour laquelle cette entreprise existe et qu’un dirigeant [Elon Musk, le CEO de Tesla, ndlr] qui régulièrement ne se montre pas transparent (et qui absorbe aussi une énorme part sur l’entreprise) recueille des éloges et de l’argent, c’est qu’il y a trop de cash dans le monde.

Des entreprises qui rapportent régulièrement qu’elles ont effectué des pertes sont capables d’illusionner les gens pour qu’ils leur prêtent massivement de l’argent. Les gros investisseurs, comme les fonds de pension et les fonds mutuels, cherchent des projets de grande taille. Ils ont des milliers de millions de dollars à investir. Aussi, plus l’opportunité d’investissement est grosse, plus elle est séduisante.

Et dans un paradoxe fou de notre époque, une entreprise qui émet des tonnes de dettes est en pratique une entreprise plus séduisante qu’une entreprise saine financièrement… parce que ces gros investisseurs ont besoin de faire travailler l’argent par tout moyen. » 

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