Après une énième tentative infructueuse, c’est au tour du président des libéraux flamands de trouver une coalition majoritaire. Un choix plutôt logique du souverain: l’Open VLD peut faire pencher la balance. D’après nos informations, le cœur du parti balancerait maintenant pour une coalition Arc-en-ciel voire une Vivaldi si le CD&V se décide à embarquer. La N-VA serait alors hors-jeu.
Sur papier: Egbert Lachaert veut laisser toutes les options ouvertes. Mais en coulisses, socialistes et écologistes ont déjà reçu des signaux plutôt favorables. Une grande majorité du top de l’Open VLD pencherait maintenant pour une coalition Arc-en-ciel (libéraux, socialistes et écologistes) ou, mieux, une Vivaldi. Un contact entre Paul Magnette et Lachaert aurait scellé le sort d’une coalition PS/N-VA.
Il faut remonter au mois de septembre pour retrouver les traces de l’Arc-en-ciel. À cette époque, c’est Gwendolyn Rutten qui était aux commandes de l’Open VLD. Son nom circulait d’ailleurs comme Première ministre. Mais la course à la présidence du parti a changé la donne au printemps dernier avec la nomination d’Egbert Lachaert, qui représentait l’aile droite du parti.
Mais beaucoup d’eau a depuis coulé sous les ponts. Et Georges-Louis Bouchez a eu un rôle prépondérant dans le changement de position du nouveau président: le Montois a construit une relation solide avec son homologue flamand, rendant la famille libérale ‘une et indivisible’.
C’est cette stratégie qui a fait capoter la coalition autour de De Wever (N-VA) et Paul Magnette (PS). Le duo ne voulait que 6 partis dans sa coalition, ce qui plongeait l’un des deux partis de la famille libérale dans les abysses. Leur mission a pris fin, suite à un deuxième coup porté par GLB: le communiqué commun avec les écologistes.
Un vif débat au sein de l’Open VLD
Officiellement, le président de l’Open VLD ne veut pas mettre la N-VA hors-jeu, mais pour de nombreux initiés, le sort des nationalistes semble scellé. Au sein même de la N-VA, il y a une certaine résignation.
Des discussions ont eu lieu au sein de l’Open VLD. Il faut se rappeler qu’à l’époque, le parti restait extrêmement divisé sur la question. Seuls Vincent Van Quickenborne et les De Croo, père et fils, ont apporté un soutien fort au nouveau président, plaidant pour une discussion entre la N-VA et le PS. Mais aujourd’hui, le ressentiment envers la N-VA est très fort. Quelqu’un comme Bart Sommers, pourtant vice-Premier ministre du gouvernement flamand avec la N-VA, est considéré comme le leader de ce mouvement en interne.
Lors d’une réunion clé ce lundi, la préférence pour l’Arc-en-ciel aurait été actée. Un autre signe qui ne trompe pas: Bart De Wever a tenté d’organiser une réunion avec Egbert Lachaert, mais elle n’a pas connu de suite. Au contraire d’un contact avec Paul Magnette.
Et maintenant ?
Le premier enjeu est de parvenir à la formule désormais souhaitée. Egbert Lachaert ne peut pas mettre la N-VA si facilement en dehors d’une coalition. Il est fort à parier qu’il tentera quand même la formule pour faire la démonstration qu’elle ne fonctionne pas.
Comment? Une des solutions pourrait être de repartir du centre, former une tripartite autour des partis du gouvernement, agrémentée des socialistes, pour ensuite demander qui veut la soutenir: les écologistes ou les nationalistes. Si les nationalistes refusent, la porte sera alors grande ouverte pour les écologistes.
Cela suppose que le CD&V laisse finalement tomber la N-VA. Ce qui était alors un Arc-en-ciel pourrait alors devenir une Vivaldi. Mais les démocrates-chrétiens feront inévitablement monter le prix: un accord sur l’IVG? Un Premier ministre? Un accord institutionnel?
Au-delà du ressenti des libéraux contre la N-VA, il y avait une aversion bien réelle à la note proposée par De Wever et Magnette. Une sorte de deal ‘mesures sociales contre mesures communautaires’. L’autre enjeu sera d’atténuer les mesures sociales voulues par les socialistes pour y intégrer des éléments plus libéraux. Ce qui peut être rendu plus facile par la non-présence de la N-VA. Le dernier enjeu sera institutionnel: peut-on se séparer de la N-VA sans envoyer un signal pour une réforme de l’Etat? Paul Magnette a pour sa part déjà qualifié les fuites dans la presse sur le plan institutionnel (de l’accord PS/N-VA) de ‘rumeurs incroyables’. Un autre équilibre pourrait être trouvé autour d’une ‘meilleur efficacité’, un critère déterminant pour les libéraux.
Les écueils restent toutefois nombreux: quid de l’Open VLD au gouvernement flamand après ce mauvais coup fait à la N-VA? Le CD&V se laissera-t-il convaincre pour asseoir la représentativité côté flamand (75 sièges sans le CD&V, 89 avec lui) ? Les écologistes ne se montreront-ils pas trop gourmands? En attendant, il y a déjà une sorte de spéculation pour le rôle de Premier ministre: Paul Magnette ou Alexander De Croo tiendraient la corde.