EDF voit loin, très loin : « La durée de vie du parc nucléaire français peut être prolongée jusqu’à 80 ans »

Alors que la France se prépare à construire de nouveaux réacteurs nucléaires dans les décennies à venir, EDF estime que les actuels pourront faire de (très) vieux os.

Pourquoi est-ce important ?

Fer de lance du nucléaire en Europe, la France - via Emmanuel Macron - compte mettre en service 25 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d’ici à 2050. Dans le même temps, la majorité des réacteurs actuels ont été conçus pour être exploités jusqu'en 2030 au moins. Toutefois, tout porte à croire qu'ils ont encore une longue vie devant eux.

Dans l’actu : EDF n’a aucun tabou.

  • S’exprimant lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le directeur exécutif d’EDF a déclaré que, selon lui, la durée de vie du parc nucléaire français pouvait être prolongée jusqu’à 80 ans. 
  • « Aujourd’hui, le grand consensus scientifique, technique et économique est que notre parc est adapté pour aller à 60 ans (…). La question du passage de 60 à 80 ans exige un certain nombre de travaux d’études et donc nous les engageons », a déclaré Cédric Lewandowski, dans des propos relayés par BFM TV.
    • « Les 80 ans, ce n’est pas un tabou. Six réacteurs aux États-Unis ont obtenu une licence d’exploitation jusqu’à 80 ans et il se trouve que nos technologies sont à peu près similaires », a-t-il ajouté.

Où en est-on ?

Le contexte : pour l’instant, on est sur du 40 ans et +.

  • Actuellement, la France compte 56 réacteurs nucléaires en activité, répartis dans une petite vingtaine de centrales. Les plus anciens sont entrés en service à la fin des années 1970, les plus récents au début des années 2000.
  • Sur son site, EDF indique que « les centrales nucléaires sont conçues pour être exploitées pendant au moins 40 ans ».
  • En février 2022, Emmanuel Macron a fait savoir qu’aucun réacteur en état de produire ne serait fermé à l’avenir, sauf pour des raisons de sécurité.
    • En 2018, il avait pourtant annoncé que 14 seraient arrêtés d’ici 2035.
  • Par la même occasion, le président français a émis la volonté de prolonger au-delà de 50 ans la durée de vie de tous les réacteurs actuellement en service, sous réserve d’un avis positif rendu par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
    • En théorie, rien dans la loi française n’empêche un réacteur nucléaire d’aller au-delà des 50 ans, voire plus loin encore.
    • Les réacteurs sont soumis tous les dix ans à une inspection complète, à l’issue de laquelle l’ASN leur livre – ou non – une licence pour les dix années à venir.
    • En pratique, pour l’instant, l’ASN n’a autorisé des réacteurs (les plus vieux, forcément) à fonctionner qu’au-delà de 40 ans.
    • Pour l’instant, le gendarme français de l’atome n’est pas encore convaincu qu’il pourra un jour leur donner le feu vert pour fonctionner plus de 50 ans. Le mois dernier, il a d’ailleurs demandé à EDF de lui fournir davantage de preuves.
  • Les deux derniers réacteurs nucléaires français à avoir été arrêtés sont ceux de Fessenheim. C’était en 2020, après 42 ans d’exploitation.
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