Moins médiatisées que celles d’autres secteurs, les difficultés rencontrées par le sport amateur n’en sont pas moins grandes durant cette crise. Un fonds doté de 4 millions d’euros a bien été mis en place par la ministre de tutelle Valérie Glatigny (MR), mais le parlementaire Christophe Clersy (Ecolo) estime qu’il est nécessaire d’aller plus loin, au risque de voir toute une série d’acteurs être oubliés.
Il y a de cela plusieurs semaines, l’Association Interfédérale du Sport Francophone (AISF) a tiré la sonnette d’alarme après un sondage réalisé auprès des fédérations et des clubs sportifs. Suite à la crise du coronavirus, les pertes nettes pour le secteur pourraient s’élever à 64 millions d’euros.
‘Le fonds de 4 millions est là, et il pallie à certaines urgences. C’est une première réponse intéressante’, pointe le parlementaire wallon, Christophe Clersy. ‘Mais au niveau d’Ecolo, nous appelons aujourd’hui à la mise en place d’une véritable task force entre les différents niveaux de pouvoir pour le sport, comme on l’a fait récemment pour la culture.’
30 à 40.000 euros de pertes par mois, par piscine
Christophe Clersy estime que toute une série d’acteurs ne sont actuellement pas éligibles à ce fonds, alors qu’ils sont pourtant durement touchés par la crise du coronavirus et ses conséquences liées notamment aux mesures de confinement. Il a donc formulé plusieurs questions en ce sens à la ministre Glatigny et il s’apprête à faire de même ce mercredi avec le ministre wallon en charge des infrastructures sportives, Jean-Luc Crucke.
‘L’un des premiers points sur lesquels j’ai voulu intervenir concerne les gestionnaires d’infrastructures sportives comme les piscines ou les centres sportifs locaux’, explique Christophe Clersy. ‘Nous allons assister à une crise en deux temps. Pour l’instant, les piscines sont fermées. Et lorsqu’elles vont rouvrir, lors d’une prochaine phase de déconfinement qui sera certainement progressive, elles ne fonctionneront pas à plein régime, ce qui aura un impact extrêmement important pour les gestionnaires.’
Le parlementaire évoque des pertes allant de 30 à 40.000 euros par mois, par piscine. ‘Sans mise en place d’une task force, le risque est grand que ce soit les pouvoirs locaux (régies communales autonomes, ASBL para- communales…) qui doivent en fin de compte éponger les pertes, et on connait l’état des finances de certaines communes… Cela risque de mener purement et simplement à la disparition de certaines structures où se pratique le sport aquatique’, redoute Christophe Clersy.
‘On risque de perdre un maillage fort de notre société’
‘Je ne pense pas que tout soit entre les mains de la ministre Glatigny, pas plus que tout est dans les mains de Jean-Luc Crucke ou au niveau fédéral, mais si l’on se renvoie la balle trop longtemps, on risque fort de voir les communes être les plus sollicitées’, souligne-t-il encore. ‘Et à un moment donné, les pouvoirs locaux ne seront plus en mesure de répondre à toutes les demandes… Et on risque de perdre un maillage fort de notre société.’
Le parlementaire craint également que d’autres petits acteurs, qui n’émargent pas auprès des fédérations sportives reconnues par la Fédération Wallonie-Bruxelles comme certains clubs de sports plus marginaux, des écoles de danse ou encore des ASBL de stages d’été, ne soient oubliés. ‘Si on ne parvient pas à mettre en place une reconnaissance rapide, ils passeront entre les mailles du filet du fonds d’aide.’
Et Christophe Clersy de conclure sur une note plus optimiste: ‘On a vu des vocations émerger durant cette crise. Des gens se mettent au jogging, au vélo. C’est peut-être l’occasion, via la mise en place de cette task force, de capitaliser là-dessus et de tenter de pérenniser ces nouveaux comportements.’