Du gaz provenant de Nord Stream 1 et de Nord Stream 2 fuit mystérieusement dans la mer Baltique : un possible « sabotage » fait grimper les prix

Les autorités danoises ont ordonné hier aux navires de s’éloigner d’un rayon de cinq milles nautiques (environ neuf kilomètres) autour de l’île de Bornholm, en mer Baltique. Du gaz a fui pendant la nuit provenant du gazoduc Nord Stream 2, le projet russe avorté en mer Baltique. Entre-temps, deux fuites de gaz issu Nord Stream 1 ont également été détectées par les autorités suédoises.

Pourquoi est-ce important ?

Nord Stream 2 est l'un des points de discorde dans l'escalade de la guerre énergétique entre l'Europe et Moscou, qui se poursuit depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le gazoduc, destiné à doubler le flux de gaz de Saint-Pétersbourg vers l'Allemagne en passant par la mer Baltique, venait d'être achevé et rempli de 300 millions de mètres cubes de gaz lorsque l'Allemagne a annulé sa mise en service quelques jours avant le début du conflit en Ukraine. Nord Stream 1 n'est plus en service depuis fin août mais contient lui aussi toujours du gaz.

« Aujourd’hui, une fuite s’est produite dans le gazoduc Nord Stream 2 dans la région du Danemark « , a déclaré ce matin l’agence danoise de l’énergie dans un communiqué. Les autorités maritimes danoises ont émis un avertissement de navigation et établi une zone autour du gazoduc Nord Stream 2 « car il est dangereux pour le trafic maritime », selon le régulateur.

L’exploitant de Nord Stream 2 a déclaré que la pression dans le gazoduc, qui, bien que n’ayant jamais été opérationnel, contenait déjà du gaz, a chuté de 105 à 7 bars pendant la nuit.

« Les brèches dans les gazoducs sont extrêmement rares […]. Nous voulons assurer une surveillance approfondie des infrastructures critiques du Danemark afin de renforcer la sécurité de l’approvisionnement à l’avenir », a déclaré le directeur de l’agence danoise de l’énergie, Kristoffer Bottzauw, dont les propos sont repris par Reuters.

La pression baisse aussi dans Nord Stream 1

Lundi soir, l’exploitant du gazoduc Nord Stream 1 a également annoncé que la pression avait baissé sur les deux lignes du gazoduc.

L’autorité maritime suédoise a, elle aussi, émis un avertissement concernant deux fuites dans le gazoduc Nord Stream 1 qui n’est pas en service, mais qui contient toujours du gaz.

Nord Stream 1 fonctionnait à capacité réduite depuis la mi-juin avant que les livraisons de gaz russe ne soient complètement interrompues en août. Il y a quelques semaines, cependant, les acheteurs allemands de gaz naturel russe ont, pour la première fois depuis la fermeture de ce gazoduc crucial, soumis des demandes officielles de fourniture de gaz naturel en retour.

« Il y a deux fuites sur Nord Stream 1 – une dans la zone économique suédoise et une dans la zone économique danoise. Elles sont très proches l’une de l’autre », a déclaré à Reuters un porte-parole de l’administration maritime suédoise (SMA).

Drôle de coïncidence

Le gouvernement allemand a déclaré qu’il était en contact avec les autorités danoises et suédoises, et qu’il travaillait avec les forces de l’ordre pour déterminer ce qui a provoqué la chute soudaine de la pression dans le pipeline.

Le président du gestionnaire de réseau allemand, Klaus Mueller, a déclaré sur Twitter que la situation des deux pipelines « souligne que la situation est tendue. »

Car les suspicions de sabotage sont clairement avancées par les autorités européennes. « Certains éléments indiquent qu’il s’agit de dommages délibérés », a déclaré une source de sécurité européenne. « Il faut se demander : qui en profiterait ? »

Ajoutons que la Russie a également évoqué le risque de sabotage. « Aucune option ne peut être exclue pour le moment », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« La destruction qui s’est produite le même jour simultanément sur trois tronçons des gazoducs offshore du système Nord Stream est sans précédent », a déclaré l’opérateur du réseau Nord Stream.

Les chances que ce soit une simple coïncidence sont en effet très minces, même s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions.

Prix du gaz

Comme toujours, les mauvaises nouvelles affectent les prix du gaz en Europe. Par exemple, le prix du gaz sur le marché à terme de référence néerlandais a grimpé à 190 euros par mégawattheure aujourd’hui, contre 173 euros hier.

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