Danone, Pernod-Ricard, TotalEnergies, le groupe hôtelier Accor, Sanofi, EDF et Engie, Stellantis (ex-Peugeot – Citroën), Société Générale, Alstom, Air Liquide, Saint-Gobain… Ce ne sont là que quelques exemples d’une longue liste d’entreprises françaises qui, malgré l’invasion russe de l’Ukraine, continuent d’opérer en Russie.
Certaines d’entre elles ont annoncé qu’elles réduisaient certaines activités, mais il n’est pas question qu’elles partent. Les entreprises américaines et britanniques, quant à elles, se sont retirées en masse de Russie, s’exposant ainsi à une nationalisation par le biais de la procédure de faillite, qui peut être invoquée en Russie si la direction ne dirige plus l’entreprise. Par exemple, parce qu’elle a quitté le pays.
« Aucune entreprise française n’a quitté la Russie »
Pavel Chinsky, le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe, a déclaré lundi sur BFM TV « qu’aucune entreprise française n’a quitté la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine ». Par « partir », il entendait fermer, renvoyer le personnel et laisser les bureaux et l’infrastructure existante.
Certaines entreprises françaises font des affaires en or alors que leurs concurrents tournent le dos à la Russie. Dans une lettre adressée à ses fournisseurs et consultée par le journal britannique Daily Telegraph, le responsable de l’unité russe de Leroy Merlin (ainsi que d’Auchan et de Decathlon, trois entreprises de la famille du milliardaire français Mulliez) a déclaré que ses ventes avaient en fait augmenté de manière significative depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
« Cette semaine, vous avez reçu une augmentation significative du nombre de commandes de notre part liée au fait que nos ventes ont augmenté de manière significative ». Ses concurrents, H&M et IKEA, ont cessé leurs activités en Russie. Décathlon aussi est resté ouvert avec ses 80 magasins à travers la Russie.
L’ironie du sort veut que Leroy Merlin soit également présent en Ukraine, où l’un de ses magasins à Kiev a été bombardé. Le ministre ukrainien de la Défense a déclaré que « Leroy Merlin était la première entreprise au monde à financer le bombardement de ses propres magasins ».
« Nous continuerons à payer les salaires et à fournir de la nourriture à la population »
La famille Mulliez défend l’ininterruption de ses activités. « Nous continuons à payer les salaires et à fournir de la nourriture à la population », peut-on lire dans une communication interne du groupe. L’entreprise réalise un chiffre d’affaires annuel de 3,1 milliards d’euros en Russie, ce qui représente 10 % de son chiffre d’affaires mondial. Renault contrôle également jusqu’à un tiers du marché automobile russe par le biais de sa filiale Avtovaz. La firme automobile joue d’ailleurs un peu sur les deux tableaux : elle vient de céder à la pression et a déclaré ce mercredi qu’elle suspendait ses activités industrielles en Russie. Sauf que cela concerne l’usine Renault de Moscou, la seule du pays, qui tournait déjà au ralenti. Concernant sa filiale Avtovaz, le fabricant de Lada, le groupe indique évaluer « les options possibles concernant sa participation dans Avtovaz , tout en agissant de manière responsable envers ses 45.000 salariés en Russie » rapporte BFM Business.
Dans leur propre pays, les gens sont moins enthousiastes. Un sondage montre que 41% des Français sont prêts à boycotter ces groupes et ces marques.
« Macron est le seul à ne pas s’incliner devant les États-Unis »
Le Daily Telegraph ajoute que la France est un mauvais élève en matière de sanctions économiques contre la Russie. Mais le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, n’a pas appelé Emmanuel Macron « le seul dirigeant européen qui ne s’incline pas devant les États-Unis » pour rien. En témoignent les 19 conversations téléphoniques au moins que Macron a eues avec le dictateur russe Poutine depuis le début de la guerre.
Certaines entreprises françaises choisissent l’option la plus sûre. Par exemple, Total a annoncé qu’elle allait annuler ses contrats russes de fourniture de gaz et de pétrole brut pour sa raffinerie allemande. Au lieu de cela, elle s’approvisionnera en gaz auprès de l’Arabie saoudite en passant par la Pologne.
Mais la question se pose progressivement de savoir combien de temps cela peut durer. Et quelle sera l’attitude de la France lorsque la guerre s’intensifiera ou que la Russie commencera à utiliser des armes chimiques, par exemple.