Le fabricant d’éoliennes considère la domination croissante de la Chine dans le secteur de l’énergie du vent comme la plus grande menace qui pèse sur lui.
La domination chinoise sur le marché inquiète : Siemens Gamesa veut des quotas sur les éoliennes fabriquées dans l’UE

Pourquoi est-ce important ?
La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine a montré à l'Europe qu'une dépendance énergétique excessive vis-à-vis d'acteurs géopolitiques peu fiables annonce un avenir économique incertain.Quémander des quotas : dans le Financial Times, le directeur général de l’une des plus grandes entreprises européennes d’éoliennes plaide en faveur de quotas pour les éoliennes fabriquées dans l’UE. Il plaide pour qu’une certaine proportion des éoliennes des États membres de l’UE soient de fabrication européenne.
- « Si notre produit est important pour l’infrastructure de nos pays, alors il est certain, pas à 100 %, mais certainement pour une certaine proportion d’installations [en Europe], qu’il faut posséder ces choses », estime Jochen Eickholt, PDG de Siemens Gamesa, à propos de l’indépendance énergétique européenne en temps de crise
- « Cela signifie que vous devez savoir comment exploiter et produire ces choses », argumente-t-il.
- Ainsi, en cas de tensions géopolitiques ou de bouleversements dans la chaîne de production, l’Europe « n’a peut-être pas la réponse la moins chère, mais elle peut avoir une réponse ».
Facteur de risque
Des conditions de jeu inégales. M. Eickholt estime qu’il existe « un risque certain » que le marché des éoliennes devienne similaire au secteur des panneaux solaires. Qui, tant au niveau de la chaîne de production que du commerce, est presque entièrement dominée par des entreprises chinoises.
- « Il faut voir que nous sommes confrontés à la concurrence chinoise sur l’ensemble du marché mondial et aussi de plus en plus en Europe », a ajouté le PDG.
- Il a ajouté que les fabricants chinois ont souvent « reçu un soutien supplémentaire, principalement de sources nationales ou régionales ». Leurs dépenses en matière d’innovation sont dans certains cas dix fois supérieures à celles des Européens.
- « En fin de compte, nous avons le sentiment que la bataille n’est pas équilibrée, ou du moins qu’on ne nous donne pas les mêmes chances ici », a déclaré Eickholt. « Nous demandons des conditions de concurrence équitables ».
- L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a d’ailleurs déjà mis en garde contre cette situation dans son rapport de juillet.
Les chiffres
Concrètement. Selon le Conseil mondial de l’énergie éolienne, les principaux fabricants chinois représentaient 53,5 % des nouvelles installations mondiales de turbines l’année dernière, contre 36,6 % en 2018.
- En ce qui concerne les panneaux solaires, la Chine détient aujourd’hui une part du marché mondial de pas moins de 80 % à tous les stades de la production.
- L’AIE prévient que les premières étapes du processus de fabrication pourraient bientôt être aux mains des Chinois à hauteur de 95 %.
Le projet « RePowerEU » est-il réalisable ?
Contexte. Les fabricants européens d’éoliennes connaissent des difficultés financières. Alors même que, conformément au plan « RePowerEU », la part des énergies renouvelables doit passer de 32 % de la production totale à 45 % d’ici à 2030, elles suppriment des emplois et ferment des usines.
- Siemens Gamesa avait subi une perte de 1,2 milliard d’euros sur neuf mois en juin dernier, soit 233 % de plus que la perte enregistrée au cours de la même période l’année précédente.
- La société a récemment annoncé qu’elle supprimait 2.900 emplois, soit 10 % de ses effectifs mondiaux.