La Réserve fédérale américaine se réunit ce mercredi, mais elle ne monopolisera sans doute pas toute l’attention des investisseurs. Car on sait déjà ce qui sera dit et décidé : une pause dans la montée des taux d’intérêt à court terme. Ce qui inquiète beaucoup plus, c’est la dette américaine et son influence sur les taux à long terme. En frôlant les 5%, le taux à 10 ans rend le marché obligataire plus attractif. Aux dépens des actions.
La dette américaine est désormais un plus grand sujet de préoccupation que les décisions de la Fed

Pourquoi est-ce important ?
Les États-Unis n'ont plus connu un exercice budgétaire positif depuis 2001. La dette américaine est ainsi passée de 6.000 milliards à 33.000 milliards de dollars en 2023. Aujourd'hui, le gouvernement américain dépense plus pour payer les intérêts de sa dette qu'il n'investit dans le Pentagone.Jour de Fed
Dans l’actu : les taux à court terme sont éclipsés par les taux à long terme.
- Ce mercredi, c’est jour de Fed. La Banque centrale américaine se réunit pour décider de faire une pause. C’est du moins l’analyse de l’immense majorité des économistes et de 98% des traders, selon l’outil FedWatch. Les taux d’intérêt américains devraient donc rester entre 5,25% et 5,50%.
- Les seules questions qui demeurent sont au nombre de deux : la Fed augmentera-t-elle encore ces taux d’ici la fin de l’année ? (Probablement pas) Et à partir de quand la Fed baissera-t-elle ses taux ?
- La Fed (et c’est aussi vrai pour la BCE) se concentrera désormais surtout à resserrer son bilan – le resserrement quantitatif – qui est de pas moins de 7.900 milliards de dollars.
- Le regard des investisseurs se penche donc ailleurs : sur les taux à long terme, et en particulier le taux de référence à dix ans, qui yoyotte autour des 5%. Et ce taux est en partie conditionné par les inquiétudes autour de la dette américaine.
- Pour les investisseurs, des taux à long terme plus important rendent le marché obligataire plus attractif par rapport au marché d’action : cela peut expliquer en partie la chute de 9% du S&P 500, ces dernières semaines.
20 ans d’accumulation de la dette
Le contexte : on joue à se faire peur, mais cette fois, la dette américaine est une vraie préoccupation.
- La dette américaine pèse aujourd’hui 33.000 milliards de dollars. En mai dernier, cette dette représentait 121% de son PIB.
- Les déficits s’accumulent depuis 2001, l’année du dernier mandat de Bill Clinton. Depuis, les guerres en Afghanistan et en Irak sont passées par là (Bush), suivies des années de politique de relance pour éviter la Grande Récession (Obama), puis les années de réductions d’impôts (Trump) et enfin les années de crise : sanitaire et inflationniste (Biden).
- Après le Covid-19, pas moins de 5.000 milliards de dollars ont été dépensés pour des projets de relance en tous genres. En théorie, l’économie américaine restant très solide, on aurait pu s’attendre à ce que les déficits se réduisent après des années 2020 et 2021 très dépensières. Mais la tendance s’aggrave et l’instabilité géopolitique prend aujourd’hui le relai.
- L’année 2023 s’est clôturée (en septembre) avec un déficit de 2.000 milliards de dollars. Un bond considérable par rapport au déficit de 1.400 milliards de dollars de 2022.
- Le 31 juillet dernier, le Trésor américain a fait part de son intention d’emprunter 1.000 milliards de dollars rien que pour le 3e trimestre pour faire face à ses obligations.
- Un véritable cercle vicieux se crée : les États-Unis émettent plus de bons au trésor que les marchés mondiaux ne peuvent en absorber. Cela oblige l’emprunteur – le gouvernement américain – à payer des taux d’intérêt plus élevés, ce qui fait grimper les coûts d’emprunt pour les particuliers et les entreprises.
- Aujourd’hui, on estime que le gouvernement américain dépense plus en intérêts qu’en financement du Pentagone.