La Commission européenne publiera à l’automne une proposition législative visant à mettre en œuvre les règles définitives de Bâle III. La proposition décrira, entre autres, les volants de fonds propres que les banques doivent constituer en fonction des prêts qu’elles ont en cours. La fédération bancaire Febelfin met en garde contre les conséquences néfastes de ces réglementations plus strictes.
Des règles de fonds propres plus strictes pour les banques : « Cela pourrait entraîner une hausse du coût du crédit pour les consommateurs »
Pourquoi est-ce important ?
En réponse à la crise financière et économique de 2008, une révision des règles de Bâle a été mise en œuvre afin de rendre le secteur financier plus solide et plus résistant aux risques. La première phase de la réforme s'est concentrée sur le renforcement des réserves de capital et de liquidités. Les derniers éléments du paquet de réformes portent sur la gestion des risques des banques.Les nouvelles règles du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire entreront en vigueur en 2023. Ces règles, également connues sous le nom de normes de Bâle III, devraient rendre les banques plus résistantes aux crises futures et mettent l’accent sur les réserves de capitaux et la gestion des risques.
Des coûts de crédit plus élevés
Febelfin prévient dans un communiqué de presse que le renforcement des règles n’est pas sans impact sur le secteur financier et l’économie réelle. La fédération fait référence à ses propres recherches qui montrent que la norme finale de Bâle III augmentera les exigences de capital des banques européennes. « Selon le rapport, cela représenterait 170 à 230 milliards d’euros d’exigences supplémentaires en matière de fonds propres », indique Febelfin.
En outre, Febelfin souligne que les banques belges ont déjà fait de gros efforts pour parvenir à un système bancaire résilient. « Non seulement en constituant des tampons de capital solides, mais aussi en réalisant des modèles internes fiables pour le calcul des risques », peut-on lire. « L’amélioration structurelle de la gestion des risques a également été confirmée par l’Autorité bancaire européenne dans son exercice annuel d’évaluation comparative. »
Selon Febelfin, les exigences plus strictes en matière de fonds propres entraîneront une hausse des coûts pour les banques, car « les fonds propres sont une source de financement plus coûteuse que la dette. » La fédération n’exclut pas que cela puisse entraîner une hausse du coût du crédit pour les consommateurs. « Cela se traduira à son tour par une diminution des demandes de crédit et donc des investissements », explique M. Febelfin.
Régulateurs pour une mise en œuvre complète
Le secteur bancaire belge a élaboré quelques propositions concrètes pour mieux adapter les réformes à l’économie belge. « Les propositions, de nature assez technique, visent à réduire l’augmentation des tampons de fonds propres des banques et à limiter l’impact négatif sur le financement du secteur public et des entreprises non notées », indique l’organisation faîtière des banques belges. Plus précisément, la fédération du secteur veut éviter une augmentation excessive des exigences en matière de capital.
Alors que les banques sont préoccupées par les règles de Bâle III, les régulateurs centraux demandent que les règles soient mises en œuvre telles que décrites dans le projet de loi. 25 banques ont lancé un appel en ce sens dans une lettre ouverte adressée à Mairead McGuinness, la commissaire européenne chargée des services financiers. Pierre Wunsch, le gouverneur de la Banque Nationale de Belgique (BNB), est l’un des signataires.
Les autorités de surveillance soulignent que la crise du coronavirus a mis en évidence l’importance de banques bien capitalisées. « La pandémie montre que des banques plus résilientes sont mieux à même de soutenir l’économie réelle, même en temps de crise. Une réduction du cadre ne serait pas dans l’intérêt de l’Europe », a-t-il déclaré.
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