Des milliardaires financent la création d’un “soleil sur Terre”

Paul Allen, Jeff Bezos, Bill Gates et Peter Thiel sont quelques uns des milliardaires américains à s’intéresser à ds projets de fusion nucléaire, pour résoudre les problèmes énergétiques mondiaux. 

Le cofondateur de Microsoft, l’américain Paul Allen, qui était décédé le dernier mois, s’était rendu à Cadarache, dans le sud de la France, pour visiter le site d’ITER (en français :Réacteur expérimental thermonucléaire international, notre photo de couverture), peu de temps avant sa mort. Son ambition: rien de moins que trouver un substitut au soleil, en copiant le fonctionnement de ce dernier. Il avait déclaré qu’il s’y était rendu pour voir les préparatifs « à la naissance d’une étoile sur la Terre ».

« La technologie la plus prometteuse de l’histoire de l’humanité »

L’objectif d’ITER est de produire une énergie propre et presque illimitée en fusionnant des atomes plutôt qu’en les séparant (la fusion nucléaire, au lieu de la fission nucléaire, cette dernière étant la méthode employée dans nos centrales nucléaires actuelles). 

Allen n’était pas tout seul dans cette quête: les milliardaires Jeff Bezos (Amazon), Bill Gates (l’autre cofondateur de Microsoft) and Peter Thiel (un investisseur américain) partagent aussi son ambition de percer le secret de la fusion nucléaire, que l’astrophysicien Stephen Hawking avait qualifiée de technologie la plus prometteuse de l’histoire de l’humanité.

Les chercheurs ont toujours pensé que la fusion nucléaire avait la capacité de révolutionner le secteur de l’énergie, mais jusqu’ici, ils avaient cruellement manqué de moyens. Mais les avancées dans le domaine dans le domaine de l’impression 3D, du « machine learning » et du minage de données ont changé la donne.

Une bonne vingtaine de startups planchent sur la fusion nucléaire

Paul Allen avait déjà investi dans TAE Technologies, qui avait ensuite… fusionné avec Tri-Alpha Energy, un pionnier de la fusion nucléaire, il y a vingt-trois ans. Désormais, elle compte plus d’une vingtaine de concurrentes, dont General Fusion, fondée par Jeff Bezos.

Cette année, lors de la conférence bisannuelle de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), les participants ont souligné que 800 études scientifiques avaient été consacrées à la fusion, c’est à dire 60 % de plus qu’il y a 10 ans. 

La technologie repose sur la fusion des atomes. Les réacteurs de fusion nucléaire devront copier ce qui se produit dans l’espace très lointain : le plasma devra être chauffé à une température plus élevée que celle des étoiles. Il faudra ensuite contenir les réactions à l’intérieur de cuves de refroidissement cryogéniques dont la construction pourra nécessiter plus d’un million de pièces détachées.

Il faudra encore patienter une trentaine d’années

Il faudra sans doute attendre très longtemps avant que ce processus extrêmement complexe soit totalement mis au point, mais certaines des innovations qui seront développées dans ce but pourront avoir d’autres applications, et se montrer rentables avant l’achèvement de cet immense projet, ce qui incite cette galaxie de startups à poursuivre ses travaux. 

L’une des plus ambitieuses d’entre elles est Commonwealth Fusion Systems, fondée par six professeurs du Massachusetts Institute of Technology. Elle développe actuellement un prototype de réacteur à énergie nette d’ici 2025. En mars, elle a réussi à lever 50 millions de dollars en mars du groupe pétrolier italien Eni, et plus récemment, elle a obtenu une somme restée secrète de Breakthrough Energy Ventures, un consortium d’investisseurs rassemblant les milliardaires Bill Gates, Jeff Bezos, Richard Branson, Ray Dalio et Michael Bloomberg.

Cependant, selon Nawal Prinja, ingénieur en génie nucléaire de la société écossaise John Wood Plc, le projet ITER demeure le mieux placé pour gagner la course au développement d’un prototype de réacteur capable de produire une énergie bon marché à gigantesque échelle, qui pourra alimenter des métropoles d’un ou deux millions d’habitants. 

Las… Il faudra vraiment se montrer patient. Il aura fallu une trentaine d’année à ITER pour prouver la viabilité de son concept, et son projet ne verra probablement pas le jour avant une autre trentaine d’années.

Plus