Au plus tard le samedi 15 avril, les trois dernières centrales nucléaires allemandes fermeront leurs portes. La sortie du nucléaire décidée en 2011 deviendra ainsi une réalité. Un sondage d’opinion montre pourtant que la majorité des Allemands pensent que cette sortie est une mauvaise décision.
Dernière semaine pour le nucléaire en Allemagne, mais la plupart des Allemands pensent que c’est une erreur

Pourquoi est-ce important ?
La sortie du nucléaire a lieu malgré la guerre en Ukraine, alors que l'Allemagne veut être moins dépendante du gaz naturel russe.Dans l’actualité : Les trois derniers réacteurs nucléaires allemands, Isar 2 (Bavière), Neckarwestheim 2 (près de Stuttgart) et Emsland (Basse-Saxe), sont dans la dernière ligne droite. La sortie du nucléaire devait être effective en Allemagne à la fin de l’année dernière, mais le chancelier Olaf Scholz (SPD) a décidé de ne fermer les trois centrales qu’après la saison hivernale.
Mise en perspective historique : peu après la catastrophe nucléaire de Fukushima (mars 2011), la prédécesseure de Scholz, Angela Merkel (CDU), a annoncé que le pays fermerait progressivement toutes les centrales nucléaires.
- En 2011, 8 des 17 réacteurs nucléaires en activité à l’époque ont été immédiatement fermés. Cette décision s’inscrivait dans le cadre de l’Energiewende, qui mettait l’accent sur les énergies renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique).
- Scholz et sa coalition de socialistes, de verts et de libéraux ont poursuivi dans cette voie.
- Dans l’incertitude géopolitique actuelle, le gouvernement allemand préfère le charbon (pourtant polluant) à l’énergie nucléaire à faible émission de CO2 comme source d’énergie supplémentaire.
Contre la volonté de la population ? Selon un sondage commandé par Bild am Sonntag, 52 % des Allemands pensent que la fermeture des dernières centrales nucléaires est une erreur. Seuls 37 % d’entre eux soutiennent la sortie du nucléaire, tandis que 11 % n’ont pas d’opinion.
Vers un nouveau report ? Des doutes subsistent également au sein de la coalition au pouvoir. Ce week-end, le groupe parlementaire du parti libéral FDP s’est prononcé en faveur du maintien en activité des dernières centrales nucléaires allemandes.
- Réaction : Le ministre de l’Économie et du Climat, Robert Habeck (Verts), s’est senti obligé de souligner dans certains journaux régionaux que « l’abandon de l’énergie nucléaire en Allemagne ne peut pas être inversé ».
- De plus, il ne voit pas l’intérêt de la nouvelle génération de petites centrales nucléaires qui se développe ailleurs dans le monde. « Les exploitants allemands ne sont pas intéressés par la construction de nouvelles centrales nucléaires », affirme-t-il. « Notre système énergétique sera différent : d’ici à 2030, nous aurons 80 % d’énergies renouvelables. »
Remarque : l’arrêt ou la mise en service d’une centrale nucléaire nécessite des semaines, voire des mois, de préparation technique. Le fait que les débats aient lieu quelques jours seulement avant l’échéance est donc très tardif.
En clair : la sortie de l’Allemagne du nucléaire semble donc irréversible.