Les plaintes du public au sujet d’un déclin de la démocratie dans le monde entier sont courantes. Cependant, on ne peut pas prétendre que la démocratie est morte, expliquent Bruce Jones et Michael O’Hanlon, responsables de la Brookings Institution, dans un article du Wall Street Journal. Il semble en effet que dans le monde, davantage de personnes vivent de nos jours dans une nation démocratique qu’il y a 12 ans. « On fait souvent référence à des pays comme les Philippines, la Turquie et le Venezuela », expliquent Jones et O’ Hanlon. Récemment, les libertés des citoyens dans ce pays ont été soumises, sans aucun doute, à des restrictions. Il s’agit d’une preuve pour beaucoup de personnes que la démocratie essuie bien des revers.« Les récents événements houleux en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis ainsi que l’échec généralisé du Printemps arabe renforcent cette inquiétude », ajoutent les auteurs.Après la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide, de larges mouvements démocratiques sont apparus. Cette évolution positive semble cependant s’être arrêtée, selon les auteurs.« Il est vrai que la troisième vague de démocratisation – la prolifération d’Etats démocratiques à la fin du vingtième siècle – est maintenant complètement terminée. » « La démocratie a en effet pris des coups durs. Cependant, avant de céder aux autocrates ou de nous persuader du besoin d’agir pour endiguer cette glissade stratégique périlleuse, nous devons mettre en perspective ce qu’il s’est passé. »« En 2000, environ 120 pays ayant des élections démocratiques, soit près des deux tiers des nations de la planète, ont pu être recensés. Cent ans auparavant, les pays démocratiques se comptaient sur les doigts d’une main et même moins si l’on définit la démocratie comme un système d’affranchissement intégral des femmes et des hommes de toutes races. »« Le 21ème siècle n’a pas vraiment pris un bon départ », expliquent les deux auteurs de l’article. « Cependant, les revers pour la démocratie sont limités », affirment-ils. Selon une enquête de la Freedom House, 25% des pays dans le monde ne connaissait pas la démocratie en 2016, contre 23% en 2006.Toutefois, si l’on se base sur les populations, aucun recul n’a eu lieu, avancent Bruce Jones et Michael O’Hanlon.« L’Inde, l’Indonésie, le Nigeria et le Brésil – qui ensemble comptent 2 milliards de personnes – ont pu sur le plan de la démocratie, maintenir une position stable. Les pays connaissant une crise démocratique sont généralement moins peuplés. »Selon la Freedom House, en 2016, 45% de la population mondiale vivaient dans une démocratie, contre 44% 10 ans plus tôt. La proportion de personnes vivant dans des pays non libres a par contre chuté de 37 à 36%. Le reste du monde vit dans une liberté partielle.« Bien qu’il faille regretter un déclin de démocratie en Hongrie où 10 millions de personnes ont dû accepter une diminution de leurs libertés, en Indonésie, 261 millions de personnes ont pu bénéficier des progrès démocratiques », ajoutent Jones et O’Hanlon.« Le cas de la Russie est la grande exception. Dans ce pays de 142 millions de personnes, les premiers signes du libéralisme des années 2000 ont été totalement inversés ».« Les démocraties ont depuis toujours dû lutter contre la corruption, la violence, la pauvreté, le populisme, les défis de la mondialisation et d’autres contextes délicats de la vie moderne. La démocratie ne change pas la nature humaine. Cependant, grâce à elle, nous sommes généralement dans une meilleure position pour régler ces problèmes pacifiquement », concluent les auteurs.
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