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De Croo, Engie et la question des centrales nucléaires : « Le contribuable belge court un énorme risque de crédit »

De Croo, Engie et la question des centrales nucléaires : « Le contribuable belge court un énorme risque de crédit »
Minister Tinne Van der Straeten, premier Alexander De Croo and Chris Peeters, van Engie, tijdens een persconferentie over de kerncentrales in maart dit jaar — foto: Getty Images

Ce soir, le kern du gouvernement fédéral belge se réunit pour discuter du dossier de l’énergie atomique. Sous la loupe : les négociations avec le groupe énergétique français Engie sur le maintien en service des réacteurs Doel 4 et Tihange 3 pendant dix années supplémentaires. La question la plus brûlante : le montant à débourser – un jour – pour l’élimination des déchets nucléaires.

En résumé : Engie, l’exploitant des centrales nucléaires de notre pays, exige qu’en échange de la prolongation de la durée de vie de Doel 4 et Tihange 3, l’État belge devienne copropriétaire à 50 % de ces réacteurs nucléaires.

  • Pour Engie, dont l’énergie nucléaire n’est plus le cœur de métier depuis longtemps, il s’agit de répartir les risques financiers que comporte une telle prolongation.
  • En d’autres termes, c’est le contribuable belge qui devra payer la facture de l’élimination des déchets nucléaires générés par Doel 4 et Tihange 3 pendant ces dix années.
  • Engie avait auparavant obtenu un autre bonus du gouvernement De Croo : un prix plafond pour l’assainissement des déchets des sept centrales nucléaires belges.
  • Le coût de ce dossier sur l’élimination des déchets, un boulet financier autour du pied de chaque Belge, est donc encore en cours de négociation entre les deux parties. Engie est sur du velours, car elle a toujours affirmé qu’il était trop tard pour inverser la sortie du nucléaire. Elle n’était demandeuse de rien.

Risque

Autre élément important : une tirelire a bel et bien été créée pour l’assainissement des déchets nucléaires et le démantèlement des 7 réacteurs : le fonds Synatom. Le responsable est Electrabel, la division belge d’Engie, qui est techniquement le principal exploitant de nos centrales nucléaires.

  • Cette réserve s’élève actuellement à 14 milliards d’euros. Mais selon la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten (Verts), le démantèlement des centrales nucléaires coûtera au moins 40 milliards d’euros.
  • Cependant, un initié nous a indiqué mettre en doute les sommes mentionnées. Il dénonce en outre le manque de garanties pour les contribuables. « Il n’y a en fait que 4 milliards dans Synatom », suggère notre source. « Le reste a été prêté à Engie, pour financer des investissements étrangers. »
  • « Le contribuable belge court un risque de crédit gigantesque ». Plus précisément, seule la filiale Electrabel est responsable du coût de l’assainissement, et non la société mère Engie. Ainsi, en cas de faillite d’Electrabel, Engie peut affirmer en toute confiance qu’elle ne devra rien payer du tout pour l’assainissement des déchets. « Si Electrabel fait faillite, cet argent est perdu. Il n’y a pas de garantie de la société mère, c’est-à-dire la garantie que la société mère apporte à l’exécution des obligations de sa filiale. »
  • « N’oubliez pas non plus que le calcul actuel de la provision est basé sur un taux d’intérêt de 3,75 %, ce qui est absolument inatteignable sur les marchés financiers aujourd’hui », fait-il écho. « Il s’agit d’un risque de crédit pouvant représenter jusqu’à 10 % de notre produit national brut. Le contribuable a le droit d’avoir plus de visibilité sur l’exactitude de ce projet de loi. »
  • « Aucun banquier normal ne serait d’accord avec ça. Toute cette construction de Synatom me rappelle le Fonds de vieillissement du gouvernement Verhofstadt : c’était une tirelire pour payer les pensions, mais il n’y avait rien dedans. »

Et maintenant ? Les négociations portent sur le montant de l’élimination des déchets nucléaires, qui est décidé au « doigt mouillé », selon notre source. C’est un projet de loi qui pourrait durer 100 ans.

  • Quelle sera la hauteur du plafond, en d’autres termes ? « Les questions que les négociateurs doivent se poser sont les suivantes : quelle est la probabilité que la situation s’aggrave, et pouvons-nous couvrir ce risque ? Faites calculer ce que pourrait être le coût, faites appel au marché pour cela ; le marché de la réassurance est suffisamment grand. Le contribuable ne devrait certainement pas avoir à payer pour des centrales nucléaires qui fonctionnent depuis 50 ans et dont l’argent est allé dans les poches d’Engie. »

Le kern a donc beaucoup de choses à discuter ce soir. Qui vont bien au-delà de la « simple » prolongation de deux réacteurs.

BL

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