Il est encore courant de voir des hommes politiques, des chroniqueurs médiatisés ou des utilisateurs des réseaux sociaux mettre en doute le rôle de l’Homme dans le changement climatique. Dans quelle mesure sommes-nous sûrs qu’il en est bien à l’origine ?
Dans quelle mesure sommes-nous sûrs que l’Homme est à l’origine du changement climatique ?
Pourquoi est-ce important ?
Qu'est-il arrivé aux 3% de chercheurs qui ont rejeté le consensus sur le changement climatique d'origine humaine il y a huit ans ? Est-ce simplement en raison du poids croissant des preuves publiées ces dernières années ? De plus, comment mesurer réellement ce chiffre qui nous indique combien de scientifiques adhèrent au consensus ?Plus de 99% des climatologues acceptent les preuves du changement climatique d’origine humaine en 2021. Ce chiffre est encore plus élevé que les 97% rapportés par une étude influente de 2013, qui est devenue une statistique largement citée tant par les négationnistes du changement climatique que par ceux qui acceptent les preuves.
Pour être clair, les deux études sont directement comparables. La nouvelle étude a réexaminé la littérature publiée depuis 2012 et s’appuie sur les mêmes méthodes que l’étude de 2013, avec toutefois quelques améliorations importantes. Les deux études ont effectué des recherches dans la base de données Web of Science – un répertoire mondial indépendant de publications scientifiques – en utilisant les mots-clés « changement climatique mondial » et « réchauffement climatique ».
L’étude de 2013 a examiné 11.944 articles sur la recherche climatique et a révélé que près d’un tiers d’entre eux exprimaient un avis sur la cause du réchauffement climatique. Sur ces 4.014 articles, 97% ont approuvé la position consensuelle selon laquelle l’homme est la cause, 1% étaient incertains et 2% la rejetaient explicitement.
Biais et physique fondamentale ignorés
Une étude de 2015 a examiné les articles climato-sceptiques publiés au cours de la décennie précédente et a identifié une série de failles méthodologiques et de sources de biais. Un des examinateurs a noté que « chacune de ces analyses contenait une erreur – dans ses hypothèses, sa méthodologie ou son analyse – qui, une fois corrigée, a permis d’aligner ses résultats sur le consensus scientifique ».
Par exemple, beaucoup de ces 38 articles avaient sélectionné des résultats qui soutenaient leur conclusion, tout en ignorant un contexte important et d’autres sources de données qui la contredisaient. Certaines de ces études ont tout simplement ignoré la physique fondamentale.
Le rapport récemment publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) affirme « sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres ». Et prévient que les objectifs de l’accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement climatique à 2 voire 1,5 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, seront dépassés au cours de ce siècle sans réduction drastique des émissions.
Le rôle des volcans
Pour parvenir à cette conclusion, il est important de faire la distinction entre les changements causés par les activités humaines qui modifient la chimie de l’atmosphère, et la variabilité climatique causée par des facteurs naturels. Ces variations naturelles comprennent de petits changements dans la production d’énergie du soleil dus aux taches et aux éruptions solaires, de rares éruptions volcaniques et les effets des conditions climatiques d’El Niño dans l’océan Pacifique.
Si l’on fait abstraction de ces variations naturelles, la température à la surface de la Terre était généralement stable il y a environ 2.000 à 1.000 ans. Ensuite, la planète s’est refroidie d’environ 0,3°C pendant plusieurs siècles, jusqu’à l’avènement de l’industrialisation basée sur les combustibles fossiles au XIXe siècle.
Une étude a identifié 12 éruptions volcaniques majeures de l’an 100 à 1200, contre 17 éruptions de 1200 à 1900. Ainsi, l’augmentation de l’activité volcanique au cours des 800 dernières années environ a été associée à un refroidissement général de la planète avant la révolution industrielle.
Plus de preuves que jamais
Le rythme actuel du réchauffement planétaire est sans précédent depuis plus de 2.000 ans et les températures dépassent maintenant la période (de plusieurs siècles) la plus chaude depuis plus de 100.000 ans. La température moyenne à la surface du globe pour la décennie 2011-20 a été supérieure d’environ 1,1 °C à celle de la période 1850-1900. Chacune des quatre dernières décennies a été plus chaude que toutes les décennies précédentes depuis 1850, date à laquelle les observations météorologiques fiables ont commencé.
Les chercheurs peuvent séparer les facteurs humains et naturels. Cela implique un processus appelé « hindcasting« , dans lequel un modèle climatique est exécuté à rebours dans le temps pour simuler des facteurs humains et naturels, puis comparé aux données observées pour voir quelle combinaison de facteurs reproduit le plus fidèlement le monde réel.
Si les facteurs humains sont supprimés de l’ensemble des données et que seuls les facteurs volcaniques et solaires sont pris en compte, les températures moyennes à la surface du globe depuis 1950 devraient être similaires à celles des 100 années précédentes. Mais bien sûr, elles ne le sont pas. Les preuves et le consensus scientifique à leur sujet sont donc plus clairs que jamais.