En Slovaquie, le Premier ministre Robert Fico a offert sa démission au président Andrej Kiska, qui l’a acceptée. Il s’agit du dernier rebondissement de la crise politique qui secoue le pays depuis le meurtre par balles du journaliste Ján Kuciak et de sa fiancée le mois dernier.
Kuciak, qui était âgé de 27 ans, travaillait pour le site d’actualités Aktuality.sk, un titre du groupe de médias germano-suisse Axel Springer. Il enquêtait sur des soupçons de fraude fiscale orchestrée par la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise. Des résidents slovaques, complices de cette dernière, auraient détourné des subventions européennes à son profit. Précédemment, il avait écrit des rapports sur des affaires de fraude fiscale impliquant des hommes d’affaires liés au parti Smer du Premier ministre slovaque Robert Fico.
Kuciak s’était entre autres intéressé à Ladislav Bašternák, un homme d’affaires controversé qui possède le complexe immobilier dans lequel réside le Premier ministre slovaque.
Son dernier article, laissé inachevé, relatait le recrutement comme assistante par Robert Fico de Maria Troskova, une ex-candidate de Miss Univers qui a co-fondé une entreprise avec un Italien résidant en Slovaquie et soupçonné d’avoir des liens avec la ‘Ndrangheta. Entretemps, Troskova était devenu conseillère au gouvernement de Fico.
Le pays en émoi
Le meurtre de Kuciak, et son dernier article, ont mis le feu aux poudres dans le pays, lorsque l’organisation du journalisme d’investigation OCCRP avait décidé de publier ce dernier après son meurtre. La semaine dernière, 50 000 personnes ont défilé dans les rues de Bratislava pour protester contre la corruption, et réclamer la démission de Fico. Il s’agissait de la plus grande manifestation de rue depuis 1989 (lorsque les Slovaques avaient réclamé la sécession de la Slovaquie de l’ex-Tchécoslovaquie).
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Les têtes avaient commencé à tomber
Robert Fico, qui est âgé de 53 ans, a représenté le parti socio-démocrate du Smer-SD, et occupé le poste Premier ministre de la Slovaquie pendant 10 des 12 dernières années. Son offre de démission fait suite à la démission des ministres de la Culture Marek Madaric, et de l’Intérieur Robert Kali?ák. Elle survient alors que le Most-Hid, le parti de centre-droit de la minorité hongroise membre de la coalition au pouvoir, avait menacé de quitter le gouvernement, à moins que Fico n’organise des élections anticipées.
Le Parlement de l’Union Européenne a également publié un rapport sur la crise politique slovaque, s’inquiétant de “l’implication de la mafia et de la présence du crime organisé dans le pays”.
Selon Bela Bugar, le dirigeant du Most-Hid, « un tiers du gouvernement sera remplacé », et l’on doit s’attendre à la nomination de 5 nouveaux ministres. .