La croissance économique au cours des 40 dernières années a doublement bénéficié aux 1 % les plus riches par rapport à la moitié la plus pauvre de la population, indique un rapport du World Wealth and Income Database (WID). Ce projet rassemble un collectif d’économistes, dont le Français Thomas Piketty, qui se spécialise dans les inégalités.
La croissance économique au cours des 40 dernières années a doublement bénéficié aux 1 % les plus riches par rapport à la moitié la plus pauvre de la population, indique un rapport du World Wealth and Income Database (WID). Ce projet rassemble un collectif d’économistes, dont le Français Thomas Piketty, qui se spécialise dans les inégalités.
Les inégalités ont augmenté partout, sauf dans les régions où elles étaient déjà fortes, comme au Moyen-Orient ou au Brésil. Dans certains pays, la croissance du patrimoine des 10 % les plus aisés a été fulgurante : c’est le cas en Russie et en Inde entre 1990 et 2016 (avec des gains respectifs de 21 et 22 points de pourcentage de plus sur la proportion initiale).Les 1 % les plus riches ont trusté 27 % des fruits de la croissance depuis les années 1980. Les 50 % de la population les plus pauvres ont aussi vu leur revenus progresser fortement. Par contre, les classes moyennes ont subi une stagnation de leurs revenus au cours de la même période.
L’Europe résiste mieux à cette tendance
La progression des inégalités a été plus modérée en Europe, où les 10 % les plus riches se sont accaparés 37 % du patrimoine global, contre 33 % en 1990. La lenteur de cette évolution contraste avec celle des Etats-Unis, où les 10 % de citoyens les es plus riches Américains sont deux fois plus riches qu’en 1980. Les économistes expliquent cet écart par le système éducatif américain plus égalitaire, et la fiscalité moins progressive aux Etats-Unis. En revanche, en Europe, les politiques économiques orientées vers les classes moyennes ont eu pour effet d’atténuer les disparités.
La privatisation des capitaux
Pour cette équipe d’économistes, ce creusement des inégalités provient de la privatisation croissante des capitaux. Ce phénomène est particulièrement patent en Chine et en Russie. Dans ces deux pays, la libéralisation de l’économie s’est accompagnée d’un quadruplement et d’un triplement respectif des patrimoines privés. En conséquence, la proportion des richesses nationales aux mains des 1 % les plus riches de ces nations a doublé au cours des deux dernières décennies.D’un autre côté, les Etats se sont appauvris, ce qui a sapé leur capacité à intervenir dans l’économie pour juguler la montée des inégalités.