Jane Fraser, la patronne de Citigroup, s’exprime sur la crise des banques. Les problèmes des banques seraient pour l’heure limités, explique-t-elle. Néanmoins, il faudrait endiguer les risque de contagion. Elle salue les actions prises jusque-là.
Dans l’actu : les déclarations de Jane Fraser, CEO de Citigroup, devant l’Economic Club of Washington D.C.
- « Le système bancaire est assez solide et les grandes banques et les banques régionales sont bien capitalisées. Ceci n’est pas une crise du crédit. Il s’agit d’une situation dans laquelle quelques banques ont des problèmes, et il vaut mieux s’assurer de les tuer dans l’œuf », explique-t-elle, citée par Reuters.
- Elle est ainsi une des premières responsables d’une grande banque à s’exprimer publiquement sur la situation des banques.
- Citigroup fait partie des Big 6 de Wall Street et représente le 4e prêteur le plus important du marché américain. La banque fait aussi partie du groupe de 11 qui ont constitué une bouée de secours de 30 milliards de dollars à First Republic, banque régionale en difficulté. Citigroup y a injecté 5 milliards de dollars.
Problèmes de quelques banques… ou même des banques à problèmes ?
L’essentiel : SVB, Credit Suisse… Fallait-il s’y attendre ?
- Fraser n’était pas du tout surprise de voir Credit Suisse avoir des difficultés. « Je ne pense pas que quiconque soit tombé de sa chaise en apprenant que Credit Suisse finit par en arriver là, c’était vraiment une question de temps. C’est une institution qui se trouvait dans la tourmente depuis longtemps », lance-t-elle.
- Ces dernières années, les scandales se sont en effet alignés : comptes détenus par des criminels, pertes dans des investissements (comme la débâcle du hedge fund Archegos, plus de 4 milliards de dollars à la poubelle), espionnage des employés, prêts à des oligarques russes…
- Finalement des irrégularités avaient été constatées dans les derniers résultats, la Banque nationale saoudienne (un investissement qui peut aussi poser question) l’a lâché et les clients (notamment en Asie) ont commencé à retirer leurs fonds. On connait la suite : UBS a racheté Credit Suisse (une action qui, elle aussi, tient du scandale).
- Ensuite, Silicon Valley Bank. Fraser ne l’évoque pas comme elle le fait pour Credit Suisse, mais dès l’effondrement de cette banque, les experts ont souligné le fait que SVB était surtout la banque des start-ups californiennes. Des entreprises fortement touchées par les hausses des taux d’intérêt car toutes n’étaient encore rentables. Il y a aussi eu d’importants investissements – peu judicieux – dans des obligations, en pariant sur des taux bas de la Fed. Ces taux ont augmenté davantage et tout ce portefeuille n’avait plus aucune valeur. SVB a annoncé être à la recherche de nouvelles liquidités et les clients se sont rués sur les distributeurs pour vider leur compte.
- Pas de gros scandales du côté de SVB, mais ses problèmes seraient donc plus liés à l’entreprise même qu’un problème systémique et un symptôme clair d’une plus grande « crise du crédit », selon certains observateurs.
- Même si bien sûr les marchés et les autorités restent très attentifs par rapport à des risques de contagion.
La bonne réaction
Le détail : un sauvetage qui se déroule bien, jusque-là.
- Fraser revient aussi sur les réactions des autorités par rapport au stress des banques, et en particulier l’action de sauvetage de First Republic. Les 11 banques se sont mises ensemble pour cautériser les plaies de la banque régionale – un fait « sans précédent » dans un monde de concurrence féroce, explique-t-elle.
- « D’habitude, nous essayons de nous entretuer dans les différentes opérations que nous tentons de réaliser. Mais dans le cas présent, nous sommes en position de force et nous voulons mettre un terme à ce qui aurait pu être un problème. »
- Elle précise d’ailleurs que sa banque n’a aucun intérêt à racheter First Republic, et que la somme de cinq milliards de dollars injectée s’appelle « revient ».
- Elle a aussi des mots positifs sur les réactions des autorités américaines. La Fed a par exemple mis des prêts à disposition des banques. Le ministère des Finances travaille sur un projet pour augmenter les assurances sur les dépôts des clients (limite actuelle : 250.000 dollars).
- « Il est très important de protéger les déposants. Partout dans le monde, le système bancaire dépend de la confiance, et cette confiance doit porter sur la sûreté et la sécurité des dépôts », souligne-t-elle.
- Mais le risque d’effondrement de First Republic est-il éliminé pour autant ? Le dossier des assurances supplémentaires pour les clients (ou non) a fait chuter l’action de cette banque de 15% mercredi. L’enveloppe de 30 milliards, octroyée la semaine dernière, n’avait pas vraiment convaincu les marchés non plus.