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Les crédits carbone ne sont qu’une simple complaisance pour la cause écologique

Les crédits carbone ne sont qu’une simple complaisance pour la cause écologique
Een Chinese staalfabriek – Kevin Frayer/Getty Images

La grande majorité des dépenses mondiales consacrées aux crédits carbone ne sont pas du tout efficaces. Dans de nombreux cas, ces projets pourraient même causer des dommages supplémentaires. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par The Guardian et l’ONG verte Corporate Accountability.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que la pression en faveur de l'écologie s'intensifie, de plus en plus d'entreprises, de gouvernements et d'organisations utilisent des compensations carbone pour réduire leurs émissions (sur le papier). Ils ne réduisent pas leurs émissions réelles, mais achètent des "crédits carbone". Ce sont des certificats qui leur permettent d'émettre une certaine quantité de CO2, en échange de quoi ils investissent dans des projets censés réduire une quantité équivalente d'émissions ailleurs sur la planète. La compensation des émissions de CO2 est une industrie qui brasse des milliards de dollars dans le monde entier.

L’essentiel : l’étude s’est penchée sur les 50 plus grands projets de compensation au monde. Elle révèle aujourd’hui que dans la grande majorité d’entre eux, les bénéfices climatiques sont exagérés, tandis que les dommages environnementaux potentiels d’un projet sont souvent passés sous silence.

  • 78 % des projets étudiés sont considérés comme « probablement inutiles », voire « sans valeur », en ce qui concerne la compensation des émissions. Par ailleurs, 16 % des projets sont potentiellement problématiques et présentent au moins un défaut majeur.
  • En d’autres termes, seuls trois des 50 projets étudiés peuvent encore être considérés comme efficaces. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils le sont. Selon The Guardian, il n’y a « pas suffisamment d’informations publiques et indépendantes » pour « évaluer correctement la qualité des crédits et/ou l’exactitude des bénéfices climatiques revendiqués ».
  • Au total, les clients ont dépensé plus d’un milliard d’euros en crédits carbone de la première catégorie (probablement inutiles), la moins efficace. Un peu moins de 400 millions d’euros supplémentaires ont été investis dans les projets « problématiques ».
  • La conclusion de l’étude est donc claire : ce n’est pas en compensant les émissions de carbone que l’on arrêtera le changement climatique.

Entre les lignes : Les chercheurs ont classé les projets dans la catégorie « probablement inutile » s’il existait des preuves irréfutables qu’ils ne pouvaient pas garantir une réduction significative et à long terme des émissions de gaz à effet de serre. Parfois, ces projets risquent de provoquer des émissions ailleurs ou les promoteurs prétendent que les avantages pour le climat sont exagérés. Dans d’autres cas, les projets auraient pu être mis en œuvre de toute façon, même si les réalisateurs n’avaient pas reçu de crédits carbone.

Ce n’est pas la première fois

Autre point important : ce n’est pas la première fois que des chercheurs tirent la sonnette d’alarme au sujet des projets de compensation carbone.

  • En janvier, The Guardian et Die Zeit ont enquêté sur Verra, le plus grand certificateur de crédits carbone au monde. Ils ont alors constaté que 90 % des compensations pour la forêt tropicale émises par Verra n’avaient aucun impact réel sur la réduction des émissions de CO2 et qu’elles alimentaient même le changement climatique. Les services de Verra sont utilisés par des entreprises telles que Disney, Shell et Gucci.
  • Corporate Accountability a publié une autre étude en mai, selon laquelle les projets de compensation carbone utilisés par la compagnie pétrolière Chevron sont « sans valeur ». Le géant de l’énergie s’est insurgé, affirmant que l’ONG avait un parti pris contre l’industrie pétrolière.
  • En août, c’était au tour d’une équipe de chercheurs de Cambridge et d’Amsterdam. Une étude qu’ils ont publiée dans la revue Science montre que la grande majorité des crédits carbone sont basés sur des calculs très approximatifs. Sur les 89 millions de crédits examinés, seuls 5,4 millions étaient liés à des réductions de CO2 par la conservation des arbres.

(JM)

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