Un syndicat menace de lancer des poursuites contre la Fédération des associations internationales de football (FIFA) pour l’exploitation de 1,34 millions de travailleurs immigrés au Qatar.
Un syndicat menace de lancer des poursuites contre la Fédération des associations internationales de football (FIFA) pour l’exploitation de 1,34 millions de travailleurs immigrés au Qatar.
La Fédération des syndicats néerlandais (FNV), agissant pour le compte d’un ouvrier bangladais de 21 ans, Nadim Sharaful Alam, se réfère aux conditions de travail intolérables imposées aux travailleurs immigrés employés sur les chantiers d’infrastructure pour la Coupe du Monde au Qatar. La Fifa est accusée de complicité dans les violations des droits de l’homme subies par les travailleurs immigrés au Qatar. Le syndicat néerlandais lui donne 3 semaines pour accepter cette complicité et payer des dommages-intérêts à Alam. Dans le cas contraire, il porterait plainte contre elle.Les dommages-intérêts réclamés sont relativement modestes (10 390,53 francs suisses, soit environ 9 534 euros), mais ce précédent pourrait ouvrir la porte à des milliers d’autres requêtes.La Fifa n’a cessé de répéter qu’elle faisait ce qu’elle pouvait pour que la Coupe du Monde donne l’occasion au Qatar de changer ses pratiques, et d’améliorer les conditions de travail pour les travailleurs immigrés en particulier.Dans un courrier adressé à la Fifa, des avocats du syndicat lui demandent de « reconnaître qu’elle a mal agi en attribuant la Coupe du Monde 2022 au Qatar sans obtenir l’assurance que ce pays respecterait les droits fondamentaux humains et le droit du travail à l’égard des ouvriers de construction immigrés dont le travail est lié à la Coupe du Monde 2022 ».
La Kafala
Le syndicat affirme également que la Fifa aurait dû imposer l’abolition du système de la kafala, qui oblige les travailleurs immigrés au Qatar à recourir au « parrainage » d’un employeur ou d’un citoyen qatari qui devra donner son autorisation pour qu’ils puissent quitter le pays.Souvent, ils sont attirés par des publicités trompeuses, et se retrouvent obligés de rembourser les frais de recrutement qu’ils ont occasionnés pour leur employeur, parfois pendant plusieurs années. Ce dernier peut confisquer leur passeport et leur refuser son autorisation de quitter le territoire lorsqu’ils le désirent.Ces contraintes obligent parfois les immigrés à accepter des contrats de travail qu’ils n’auraient pas acceptés dans des conditions normales, et de ce fait, d’une certaine manière, la Kafala s’assimile à une forme d’esclavage moderne.
Une « minute de silence » de plus d’une heure
Au Qatar, les conditions de travail peuvent être très éprouvantes. Les travailleurs étrangers sont obligés de trop longues heures à des températures qui atteignent 50° C, sans possibilité de s’abriter ou de se rafraîchir.En juillet de l’année dernière, le magazine espagnol El Pais Semanal avait calculé que si l’on devait débuter chacun des 64 matches qui seront joués au Qatar pour la Coupe du monde de football 2022 par une minute de silence pour chaque travailleur décédé, il faudrait faire précéder chaque match d’un silence de plus d’une heure. A cette époque, des médias avaient rapporté que 1.200 travailleurs immigrés étaient déjà décédés sur les chantiers de construction des stades au Qatar, et l’on prévoyait que 2.800 de plus s’y ajouteraient jusqu’à l’ouverture de la coupe du Monde.