L’état d’urgence controversé et adopté en Hongrie pour lutter contre le nouveau coronavirus sera levé d’ici la fin de la semaine. Les législateurs hongrois ont également voté l’abrogation des pouvoirs extraordinaires accordés à Viktor Orban, accusé d’avoir profité de la crise sanitaire pour renforcer son autorité sur le territoire.
Ce matin, les membres du Parlement ont voté à l’unanimité la fin de l’état d’urgence et des pouvoirs extraordinaires de Viktor Orban. Toutes ces mesures devraient être actées d’ici la fin de la semaine. Pour rappel, une loi d’urgence avait été adoptée le 30 mars dernier. Celle-ci accordait au Premier ministre nationaliste le pouvoir de gouverner par décret, cela jusqu’à ce que la fin de la pandémie soit déclarée par son cabinet.
Bien que la loi votée et approuvée le 30 mars ne définisse pas de date butoir, les opposants craignaient que le Premier ministre y voie une occasion d’étendre son contrôle sur le pays. Et pour cause… En l’espace de quelques semaines, pas moins de 100 décrets ont été publiés, cela dans le but de limiter les pouvoirs et les ressources des institutions dans leur lutte contre la pandémie.
Une illusion ?
Dans une note commune, les ONG ont fait savoir qu’elles portaient un regard critique sur cette levée de l’état d’urgence. Elles estiment que cette destitution n’est, en réalité, qu’une ‘illusion’, et que le niveau de pouvoir des autorités hongroises sera d’autant plus important qu’avant la crise. Des propos corroborés par l’Eotvos Karoly Institute (EKINT), qui estime que ‘la législation ne met pas fin aux mesures. A contrario, elle crée une base juridique propice à l’utilisation de nouveaux pouvoirs gouvernementaux extraordinaires et illimités’, comme l’indique le New York Times.
Ces craintes sont en réalité justifiées. Si les députés ont voté la destitution des pouvoirs extraordinaires de Viktor Orban, ils ont également approuvé un projet de loi permettant au gouvernement d’imposer un autre état d’urgence en cas de nouvelle vague infectieuse. Le président du Fidesz (le parti nationaliste et conservateur qui détient la majorité absolue au Parlement) est donc pointé du doigt pour avoir profité de la situation. Pourtant, Viktor Orban soutient que ces pouvoirs étaient indispensables pour contenir l’épidémie sur le territoire où l’on déplore, d’après des chiffres communiqués par la Johns Hopkins University, 565 décès et 4.077 cas confirmés de coronavirus.
Dans le passé, les dirigeants européens avaient, à plusieurs reprises, fait part de leurs appréhensions. En mars dernier, un groupe de 13 États membres avait d’ailleurs exprimé ‘sa profonde inquiétude’, expliquant que la crise, dans ce contexte, pourrait ‘nuire à la démocratie et aux droits fondamentaux’ du peuple hongrois.