C’est peu dire que la population russe est mécontente du discours de Poutine annonçant une mobilisation militaire partielle. Les vols de la Russie vers des destinations étrangères sont tous complets, il y a des embouteillages interminables de Moscou à la frontière avec la Finlande, et des manifestations de protestation sont prévues dans plusieurs villes.
Le Kremlin avait pourtant tenu compte de la réaction populaire lorsqu’il a annoncé le discours de Vladimir Poutine hier. Ce discours faisait suite aux référendums annoncés précédemment dans les républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, et dans les régions ukrainiennes occupées de Kherson et de Zaporizhzhya.
Discours retardé
Le discours était en fait prévu pour mardi soir, mais il a été reporté. Depuis le communiqué, les Russes craignaient que leur dictateur n’annonce la mobilisation totale des forces armées. Finalement, ils ont dû attendre jusqu’à mercredi matin pour entendre ce que Poutine avait à dire. Ce dernier a annoncé une mobilisation militaire partielle : seuls les réservistes ayant déjà fait leur service militaire seront appelés, soit quelque 300.000 soldats.
Avec cela, le Kremlin ne voulait pas trop contrarier la population, mais en vain. Dès l’annonce du discours, de nombreux vols au départ de la Russie ont affiché complet : entre autres, les vols à destination de la capitale arménienne Erevan, vers la géorgienne Tbilissi et la capitale turque Istanbul se sont remplis en un rien de temps.
Vols complets
Les vols pouvaient encore être réservés, mais il fallait soudainement les payer dix fois plus cher que d’habitude. Un seul billet de Moscou à Dubaï coûtait un million de roubles, soit plus de 16.000 euros. En outre, les compagnies aériennes russes ont refusé de transporter des hommes âgés de 18 à 65 ans, qui pourraient être appelés. La plus grande compagnie aérienne russe, Aeroflot, a exigé une preuve d’autorisation du ministère de la Défense.
Ce n’est pas seulement par voie aérienne qu’il devient impossible de quitter le pays : il est également de plus en plus difficile de le faire par voie terrestre. Il est de toute façon hors de question de passer par la Pologne et les États baltes, ces pays ayant fermé leurs frontières aux touristes ou voyageurs d’affaires russes lundi. La piste de la Finlande semble également être vaine. Google Maps et Yandex Maps montrent des heures d’embouteillages en plusieurs endroits sur les routes menant à la frontière finlandaise, la M-11 et la E-105. Les périphériques autour des capitales Moscou et Saint-Pétersbourg et l’autoroute près de Sochi (à la frontière avec la Géorgie) sont également colorés en rouge foncé.

Conséquences à l’étranger
Une autre conséquence de la mobilisation du Kremlin est visible à l’étranger. Le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Kirghizstan, tous d’anciens États soviétiques en voie de démocratisation, interdisent à leurs citoyens de combattre dans l’armée russe.
Pendant ce temps, l’Arménie, le Kazakhstan et le Vietnam ont bloqué l’utilisation des cartes bancaires Mir. Le système Mir est une alternative russe à Visa et Mastercard, qui ont été bloqués après les sanctions internationales contre la Russie en 2014. Le journal gouvernemental russe Izvestia rapporte qu’au Vietnam et au Kazakhstan, toutes les transactions effectuées via le système de paiement Mir sont également suspendues.
(lb)