La Commission a présenté mardi devant le Parlement européen, à Strasbourg, son plan pour financer le ‘Green deal’ dévoilé en décembre dernier par sa présidente, Ursula von der Leyen.
En présentant le ‘Pacte vert’ européen le mois dernier, Ursula von der Leyen n’avait pas hésité à qualifier le projet de ‘moment Man on the Moon de l’Europe’. Ce ‘Green Deal’ entend revoir à la hausse les ambitions climatiques de l’UE, avec en ligne de mire la neutralité carbone d’ici 2050, via ’50 actions’ qui seront lancées à partir de 2021 au plus tard.
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L’objectif de ce ‘plan d’investissement pour une Europe durable’ est de stimuler les investissements nécessaires, en mobilisant à la fois le public et le privé.
Deux chiffres avaient jusqu’ici été avancés. Le plan portera sur un total allant jusqu’à 1.000 milliards d’euros d’investissements, étalés sur 10 ans. Et 100 milliards (de ces 1.000 milliards) seront consacrés à un Mécanisme de transition équitable qui doit servir à soutenir les régions plus dépendantes économiquement aux énergies fossiles.
‘Solidarité et équité’
Ce dernier point a été plus amplement détaillé devant les députés européens à Strasbourg, mardi. Car sans un Mécanisme de transition équitable crédible, le ‘Green deal’ n’a aucune chance de recueillir le soutien de tous les États membres, notamment ceux qui sont les plus dépendants au charbon comme la Hongrie ou la Pologne. Cette dernière a d’ailleurs refusé d’adhérer à l’objectif de neutralité climatique d’ici 2050, lors du sommet européen de décembre dernier.
‘Chacun doit tirer parti de la transition’, a ainsi déclaré mardi Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission en charge du Pacte vert, dont les propos ont été relayés par La Libre. ‘C’est notre serment de solidarité et d’équité pour ceux qui font face aux défis les plus importants, afin qu’ils fassent ce chemin avec nous’.
Le Mécanisme de transition équitable se déclinera en trois points, pour atteindre 100 milliards d’euros:
- Un Fonds de transition équitable. Il sera doté de 7,5 milliards d’euros sur la période 2021-2027, c’est-à-dire la période couverte par le prochain cadre financier pluriannuel (CFP). Ce Fonds s’inscrira dans la politique de cohésion territoriale. Chaque euro du Fonds investi devra être associé, en fonction de la santé économique de l’État en question, entre 1,5 et 3 euros issus du FEDER (Fonds européen de développement régional) et d’une contribution nationale. Toutes les régions polluantes de l’UE pourront y prétendre, pour peu qu’elles répondent à différents critères (intensité des émissions de gaz à effet, emplois concernés par les industries polluantes, etc.), mais corrigés en fonction de la prospérité économique. Total: entre 30 et 50 milliards d’euros d’investissements.
- Le programme InvestEU. Selon la Commission, 1,8 milliard d’euros du budget européen devrait par ce biais permettre de mobiliser 45 milliards d’euros.
- La Banque européenne d’investissement. Bombardée banque du climat de l’Union, l’institution devrait faciliter les prêts au secteur public et ainsi permettre de lever de 25 à 30 milliards d’euros.
Selon La Libre, la Belgique devrait obtenir de la part du Fonds de transition équitable quelque 68 millions d’euros sur sept ans. Principale bénéficiaire du Fonds, devrait, elle, recevoir environ 2 milliards.
1.000 milliards?
Par ailleurs, le Mécanisme de transition équitable pourra servir à financer des alternatives énergétiques au charbon, dont le gaz pourrait faire partie, mais pas le nucléaire.
Le montant total précité de 1.000 milliards d’euros devrait être atteint, ou en tous cas approché, grâce à trois sources de financement, détaillait lundi l’agence de presse Bloomberg:
- Un quart du budget total de l’UE, soit quelque 45 milliards d’euros, sera consacré à la politique climatique. Par exemple: des campagnes de reboisement, l’innovation industrielle, la recherche, etc.
- Les États membres et la Banque européenne d’investissement (BEI) devront également apporter une contribution d’au moins 100 milliards d’euros.
- Enfin, des garanties publiques solides de l’UE devraient permettre d’attirer quelque 300 milliards d’euros d’investissements privés pour lutter contre le changement climatique.
‘Ce n’est certainement pas de trop’
Au micro de La Première, Philippe Defeyt, économiste et directeur de l’Institut pour un Développement Durable, a réagi ce mercredi matin à la présentation du Pacte vert devant le Parlement européen. ‘Une question se pose sur les apports nationaux’, a-t-il notamment pointé. ‘Il est clair que si on n’assouplit pas les règles budgétaires qui ont cours aujourd’hui, ces fameux 3% de Maastricht, il est clair qu’un certain nombre de pays ne pourront pas nécessairement apporter autant que nécessaire.’
Il estime également que ‘ce budget est insuffisant si on veut vraiment arriver non pas à être plus efficace en matière énergétique, mais à réduire à zéro les émissions de carbone (…) Pour vous donner une idée, rien que pour isoler convenablement les logements en Wallonie, rien que pour la Wallonie, il faudrait au moins 20 milliards. (…) Ce n’est donc certainement pas de trop. C’est déjà très ambitieux, mais il faudra probablement l’être plus si on veut arriver à l’objectif final de zéro carbone.’
De son côté, Johan Von Overtveldt (ECR), en tant que président de la commission Budget du Parlement, s’est montré assez sceptique, si l’on en croit ses propos relayés par l’AFP. ‘La Commission fait des promesses sur le budget à long terme de l’UE qui doit encore être approuvé, et fait peser une charge supplémentaire considérable sur les épaules de la BEI. Après cela, on ne sait pas exactement d’où viendra le reste de l’argent – il y a une grande différence entre l’effet de levier et l’autofinancement.’