La chance et une gestionrusée ont fait de la Premier League anglais un succès mondial,écrivent dans leur ouvrage « The Club », Joshua Robinsonet Jonathan Clegg, journalistes du Wall Street Journal. Les deuxauteurs expliquent que le football anglais a évolué d’unestructure obsolète à une entreprise mondiale forte de plusieursmilliards de dollars et à un monstre du divertissement.
En comparaison avec laLigue américaine de football (NFL), le football anglais était dans les années 80 unecompétition misérable et dépassée. Par contre, lors desmanifestations sportives américaines, les supporters étaienttraités comme des clients et non comme du bétail, expliquent lesauteurs.
S’inspirant du modèleaméricain, David Dein, l’ancien vice-président du club de footballArsenal, a nourri la conviction que le football anglais pourraitdevenir un produit plus attrayant, plus hygiénique et plus lucratif.Dein a ainsi commencé à réfléchir à un changement radical pour le football anglais.
Produit d’exportation
Dein et ses collaborateursont pensé qu’ils avaient besoin d’imiter la promotion du sportaméricain. Arsenal et d’autres clubs anglais de premier plan ontlancé en 1992 la Premier League. Ils ont pour cela étudié le sportaméricain de manière exhaustive et se sont inspirés des meilleuresidées.
Même si certainesinnovations ont échoué (les pom-pom girls ont été discrètementabandonnées), la nouvelle ligue annonçait à l’époque une ère detransformation du football anglais. En Angleterre, à la fin desannées 80, le sport était marqué par la laideur et la négligence.En mai 1985, un incendie eut lieu au stade de Valley Parade àBradford durant lequel 56 supporters avaient trouvé la mort. En avril 1989, un mouvement dans le stade deHillsborough situé à Sheffield, dans le nord del’Angleterre lors du match de football entre LiverpoolFC et Nottingham Forest, avait provoqué la mort de96 supporters.
« Le football était devenu unproblème national, mais il fut transformé en un des produitsd’exportation les plus performants de Grande-Bretagne. »
Actuellement, les droitsde diffusion du football anglais représentent 2,8 milliards delivres sterling par, soit 3,5 milliards de dollars, ce qui fait de laPremier League la ligue de football la plus riche au monde. Lechiffre d’affaires total des clubs anglais ont augmenté de plus de2.500 %.
Selon les auteurs, laPremier League a bénéficié d’un coup de chance. Les changementsapportés ont coïncidé avec quinze années de forte croissanceéconomique et avec le boom de la télévision payante. Par ailleurs,la langue anglaise la rendait plus accessible aux audiencesmondiales que la Série A italienne, jusqu’alors considérée commela plus grande compétition de football au monde.
« Mais la PremierLeague a également bénéficié d’une gestion rusée. Tous lesrevenus issus de la radiodiffusion à l’étranger ont commencé àêtre répartis de manière également entre les équipes »,expliquent les deux auteurs. De nos jours, les droits deretransmission à l’étranger de la Premier League valent presqueautant que les droits nationaux.
Cela a permis de garantirune concurrence plus importante entre les clubs. La Premier Leaguejouit aujourd’hui d’une réputation mondiale. Une telle popularitédépasse tout ce dont Dein aurait pu rêver.
« L’unique dangerest que les équipes cherchent à obtenir plus d’argent et depouvoir« , préviennent les auteurs. En 2018, elles ont mis finà la répartition égale des droits à l’étranger.