Quel regard les régulateurs du système financier traditionnel portent-ils sur l’année tumultueuse des cryptos en 2022 ? Le gouverneur de la Banque Nationale (BNB), Pierre Wunsch, a laissé entendre en début de semaine que les chocs ont en fait été bénéfiques pour eux.

Rembobinons un instant : 2022 a été une année minable pour les investisseurs en cryptomonnaies, le porte-étendard Bitcoin ayant perdu près des deux tiers de sa valeur par rapport au dollar. Cette situation est due à deux chocs majeurs :

• En mai, la cryptomonnaie Luna et le stablecoin TerraUSD qui lui est lié se sont complètement effondrés.

• En novembre, la plateforme crypto FTX a fait naufrage, avec des indications de fraude grave de la part de la direction. Cela a conduit à des enquêtes pénales contre le fondateur Sam Bankman-Fried.

Citation : Le gouverneur Pierre Wunsch, lors de la présentation du rapport annuel de la BNB, a qualifié les deux implosions de la crypto « de bonnes nouvelles en soi pour nous », le « nous » désignant les régulateurs de la stabilité du système financier conventionnel.

• « Nous étions préoccupés par l’importance croissante des investissements en cryptomonnaies en raison de leur impact potentiel sur la stabilité financière. Mais les deux krachs ont finalement eu lieu sans aucun impact sur la stabilité financière. Le problème s’est donc résolu de lui-même. »

Dit autrement : Il ne semblait guère y avoir de contagion du marché des crypto aux marchés d’actions. « Toutefois, en raison des interconnexions limitées des institutions financières réglementées avec le monde des crypto-actifs, l’impact de ces turbulences sur le système financier traditionnel est resté faible », écrit la Banque Nationale.

Mais : cela a représenté un moment d’apprentissage pour les crypto-investisseurs, raisonne-t-on à la BNB, et en même temps, les turbulences ont au moins temporairement stoppé la montée des cryptomonnaies – ce que l’establishment financier n’aime pas voir se produire. Dès lors, Wunsch parle d’un « problème qui s’est résolu tout seul ».

• « Les grandes similitudes avec les bulles financières du passé montrent que l’évaluation de ces actifs est hautement spéculative », dit-il. Comme par le passé, des cas de fraude et de mauvaise diligence ont été révélés pendant les turbulences », le rapport annuel fait indirectement référence aux pratiques peu recommandables de FTX.

Zoom arrière : Les banques centrales ne sont pourtant pas une partie neutre en matière de cryptomonnaies, puisqu’elles travaillent elles-mêmes sur leurs propres monnaies numériques, appelées CBDC (central bank digital currency). Cependant, de nombreuses questions subsistent également autour de cette nouvelle forme de monnaie numérique, comme celle de savoir si elles garantiront des paiements anonymes et – peut-être la question la plus fondamentale – si elles sont réellement nécessaires étant donné la prolifération existante des cryptomonnaies (privées).

(JM)