Christine Lagarde exhorte les pays européens riches à relancer l’économie

L’actuelle directrice du Fonds monétaire international (FMI) et future présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, devait passer une audition ce mercredi devant le Parlement européen. La Française a exhorté les gouvernements européens à coopérer plus étroitement en matière de politique fiscale afin de prendre les mesures nécessaires pour stimuler l’économie, et éviter une récession. 

Lagarde est à l’origine une avocate d’affaires entrée en politique, qui a occupé le poste de ministre de l’Économie en France de 2007 à 2011, en pleine crise financière, avant d’accéder à la présidence du FMI en 2011.

Un non-économiste à la tête de la BCE pour la première fois

Avec elle, ce sera la première fois qu’un non-économiste accèdera à la tête de la BCE. L’année dernière, la politicienne française a été nommée la troisième femme la plus puissante du monde par le magazine économique Forbes, et elle bénéficie d’un fort soutien politique. Le vote des eurodéputés, qui devrait avoir lieu ce soir, n’a qu’une valeur consultative, dans la mesure où ils ne peuvent remettre en cause sa nomination.

Lagarde a expliqué aux eurodéputés que les banques centrales n’étaient pas les seules auxquelles il incombait d’agir pour éviter une récession et juguler la montée en puissance des partis populistes. Selon elle, les gouvernements des pays de la zone euro doivent aussi prendre des mesures, et notamment mener des politiques de relance. « Je ne suis pas une fée », a-t-elle dit. La Française a estimé que des pays tels que l’Allemagne ou les Pays-Bas « qui ont la capacité d’utiliser l’espace fiscal dont ils disposent » devraient réaliser des dépenses d’investissement dans leur infrastructure. « C’est la majorité des pays de la zone euro « , a-t-elle déclaré. « Il est clair qu’une coopération s’impose si toutes les institutions en Europe – et dans la zone euro en particulier – veulent répondre à la menace du populisme.

La continuité de la politique de Draghi

Elle a également rappelé qu’elle était présente lorsque Draghi avait promis de faire « tout ce qu’il fallait » pour sauver la zone euro au plus fort de la crise de la dette souveraine en 2012. « J’espère que je n’aurai jamais à dire quelque chose comme ça, vraiment, parce que si je le fais, cela signifiera que les autres dirigeants politique n’auront pas fait ce qu’ils doivent faire », a-t-elle commenté.

En outre, selon Lagarde, le budget « embryonnaire » de la zone euro ne suffirait pas à stabiliser le bloc en période de récession majeure et elle a exhorté les décideurs politiques européens à le renforcer.

Le nouveau mandat de Lagarde à la BCE, qui devrait durer huit ans, devrait débuter le 1er novembre prochain. La nomination de la Française, une politicienne sans expérience dans une banque centrale, promet peu de changements. « Une politique monétaire très accommodante reste nécessaire pour relever les défis à court terme pendant une période prolongée », a-t-elle dit. Dans une note remise la semaine dernière au Parlement européen, Lagarde a estimé que l’actuel président de la BCE, Mario Draghi, avait eu raison de maintenir sa politique d’assouplissement monétaire, malgré l’échec de la BCE à ramener l’inflation au dessus du seuil de 2 %. Elle précise cependant qu’elle veillera aux « implications » de la politique monétaire « pour le secteur bancaire », mis à mal par les faibles taux d’intérêt qui érodent sa rentabilité, et pour « la stabilité financière en général ».

Priorité à l’écologie

Elle a également promis de faire de la lutte contre le changement climatique une priorité macroéconomique à la BCE, par exemple en « orientant » les achats d’obligations vers des obligations vertes.

La nouvelle présidente de la BCE a déjà indiqué son intention de « trouver le consensus » au sein du conseil des gouverneurs, une tâche qui ne sera peut-être pas si évidente. En effet, hier, son compatriote Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a déclaré que la BCE n’était pas obligée d’utiliser tous les instruments de sa boîte à outils simultanément. Son collègue estonien, Madis Muller, a de son côté déclaré qu’il n’y avait « aucun motif valable de réactiver l’assouplissement quantitatif maintenant ».

L’arrivée de Lagarde aux commandes de la BCE est également un nouveau symptôme de la politisation des banques centrales. D’ici la fin de l’année, 3 des 6 membres du conseil d’administration et 8 des 19 gouverneurs nationaux, qui votent également sur les taux, seront également remplacés à la Banque centrale européenne. Ce sera aussi la première fois en 40 ans que le départ de Draghi en octobre coïncidera peu ou prou avec la formation d’une nouvelle Commission européenne et d’un nouveau Conseil.

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