Alors qu’elle se rapproche désormais du 0%, l’inflation devrait à nouveau augmenter l’an prochain en Belgique, et franchir la barre des 4%. Une mauvaise nouvelle pour le portefeuille des citoyens, mais aussi pour les entreprises belges.
Le choc inflationniste n’est pas terminé en Belgique : les prix de l’énergie et l’indexation automatique des salaires devraient faire repartir l’inflation à la hausse
Pourquoi est-ce important ?
La Belgique semble prise au piège d'un cercle vicieux qui met à mal la compétitivité de ses entreprises. Alors que les prix de l'énergie devraient pousser l'inflation à la hausse, l'indexation automatique qui suit crée un fossé entre nos salaires et ceux de nos voisins, qui augmentent moins vite. Ce qui rend donc la main d'œuvre moins bon marché qu'ailleurs, et risque à terme de faire fuir les entreprises à l'étranger.Dans l’actu : Le rapport du Conseil central de l’économie, un conseil consultatif composé de syndicats et d’employeurs.
- D’ici à la fin de 2024, les charges salariales des sociétés belges seront en moyenne 1,7% plus élevées que celles de leurs homologues des pays limitrophes.
Conséquence : une inflation qui repart à la hausse l’an prochain, influencée également par les prix de l’énergie.
- Vous pensiez que les factures mirobolantes d’électricité et de gaz faisaient partie du passé ? Elles devraient pourtant être un peu plus salées l’an prochain, selon le secrétaire général du CCE Luc Denayer.
- Pas de panique : on ne devrait toutefois pas retrouver le pic d’août 2022.
- De plus, au cours des deux dernières années, les coûts des produits semi-finis ont grimpé bien plus vite que ceux des produits finis, et même davantage que les prix de vente finaux.
- En d’autres termes, on peut s’attendre à une hausse rapide des prix pour le consommateur. Ceux qui pensaient que la chute de l’inflation (à 0,36% en octobre) était partie pour durer se mettent donc le doigt dans l’œil. Le Bureau fédéral du Plan estime que l’inflation repassera au-dessus des 4% l’an prochain.
Credit : Bureau fédéral du plan.
Le mécanisme d’indexation salariale frappe encore
Résultat : L’indexation salariale vient amortir le choc inflationniste, pour les consommateurs, mais pas pour les entreprises.
- Selon SD Worx, l’indexation devrait s’élever à 1,49% au 1er janvier 2024 pour les employés de la CP200. Cela vaut pour 550.000 personnes.
- Sauf qu’on est bien presque les seuls en Europe (avec le Luxembourg et Chypre) à augmenter ainsi les salaires de façon automatique. Nos voisins augmentent aussi les salaires, mais avec un temps de retard, à la suite de négociations avec les syndicats. Cette différence représente le handicap salarial des entreprises en Belgique.
- D’après le CCE, ce désavantage se chiffra à 1,7% en 2024.
- Cette différence de coûts salariaux des entreprises belges mettent en péril leur compétitivité par rapport aux pays limitrophes.
- Ce qui pourrait par ailleurs éliminer toute possibilité de négocier une augmentation salariale l’an prochain (hors de l’indexation).
- En chiffres absolus, le handicap salarial cumulé de la Belgique par rapport aux 3 pays voisins n’a jamais été résorbé depuis 1996 et se situe maintenant autour des 14%, estime la FEB, l’organisation patronale. Ce handicap pourrait se résorber quelque peu d’ici fin 2024, à 13%.
- Par conséquent, Benoît Bayenet, président du CCE, appelle à revoir ce mécanisme d’indexation automatique pour réfléchir à un système plus efficace. Et moins handicapant pour les entreprises belges.
