« La Chine est devenue – ou elle est sur le point de devenir –une superpuissance scientifique et technique », écrit Robert J Samuelson dans le Washington Post. « Souvenez-vous qu’il y a 1/4 de siècle, l’économie de la Chine était minuscule et que son secteur de haute technologie existait à peine », ajoute-t-il. Mais dans « Science & Engineering Indicators », un rapport publié par la National Science Foundation et le National Science Board, on découvre que le géant asiatique rattrape son retard à grands pas, et qu’il talonne désormais les Etats-Unis dans certains domaines.
Ce rapport énumère les faits suivants :
- La Chine est devenue le second pays le plus dépensier en termes de recherche et développement, elle compte pour 21 % des dépenses totales mondiales qui se sont montées à près de 2000 milliards de dollars en 2015. Seuls, les États-Unis, font mieux, avec 26 %. Mais si le taux de croissance de la Chine se maintient, cette dernière les détrônera prochainement. Entre 2000 et 2015, les dépenses de R&D ont augmenté à un rythme moyen de 18 % par an, 4 fois plus rapidement que le rythme américain de 4 %.
- On observe également une forte augmentation du nombre de travaux de recherche. L’Union Européenne et les États-Unis devancent toujours la Chine dans le secteur biomédical, mais la Chine domine en matière d’ingénierie. Les travaux américains ont tendance à être plus cités que les travaux de recherche chinois, ce qui pourrait être lié au fait qu’ils portent plus souvent sur des questions de recherche fondamentale. Mais la Chine commence là aussi à rattraper son retard.
- L’empire du milieu a aussi également fortement augmenté sa main-d’œuvre technique. Entre 2000 et 2014, le nombre actuel de diplômés des sciences ou de l’ingénierie est passé de 359 000 à 1,65 million. Aux États-Unis, sur la même période, le nombre de diplômés dans ces disciplines est passé de 483 000 à 742 000.
- Le rapport note également que les productions des usines chinoises se sont complexifiées. Par le passé, une grande partie de des usines chinoises de haute technologie assemblaient des composants sophistiqués fabriqués ailleurs. Mais de nos jours, leur production requiert bien plus de compétences, et elles fabriquent désormais des supers ordinateurs et des petits avions de ligne.
Les hôpitaux chinois à la pointe du génie génétique
Par ailleurs, des hôpitaux chinois testent actuellement un outil de manipulation du code génétique, appelé CRISPR-Cas9 pour soigner des patients atteints de cancer. Cette technique est connue depuis 2012, mais son utilisation n’a pas encore été permise sur l’homme aux États-Unis. En Chine, les comités d’éthique des hôpitaux ont la possibilité d’autoriser ce type d’essais. En conséquence, cette technique très novatrice y est testée depuis 2015 et les médecins ont déjà manipulé les gènes de 86 personnes.
Les dépôts de brevets, le talon d’Achille chinois
Toutefois, la Chine est toujours en retard dans le domaine des dépôts de brevets. Au cours de la dernière décennie, les entreprises américaines et les inventeurs ont contribué pour la moitié du nombre des dépôts de brevet effectués aux États-Unis. La majeure partie de la seconde moitié émanait d’inventeurs européens et japonais.